Un diplomate au coeur du Moyen-Orient
Nous avons eu la chance aujourd’hui d’accueillir Monsieur Jean-Pierre Filiu qui est professeur à Sciences Po Paris. Avant cela, il a aussi beaucoup voyagé en tant qu’humanitaire, puis comme diplomate, ce qui lui apporte un point de vue beaucoup plus précis sur ce qui se passe actuellement en Syrie, en Irak ainsi que dans d’autres pays moyen-orientaux. C’est pourquoi il a été choisi pour nous expliquer la situation d’instabilité qui frappe la Syrie actuellement.
Un témoin d’horreurs injustes
Il nous a d’abord expliqué pourquoi la situation en Syrie est devenue si grave : le dictateur syrien, Bachar el Asad, a réprimé avec une extrême férocité les Syriens qui réclamaient à leur tour la liberté et la démocratie, ce qui a mené à une guerre civile. Il nous a raconté comment il a été envoyé en Syrie et infiltré là-bas avec des rebelles, et qu’il a vu toutes les atrocités qui se faisaient : “Vous voyez un hélicoptère survoler votre quartier et vous ne pouvez rien faire” décrit-il. “C’est terrifiant, vous savez que la bombe va arriver, vous le savez, vous pouvez courir, tenter de vous cacher, mais il n’y a nulle part où se cacher.” Lui qui avait aussi vu la guerre d’Irak, décrit celle de Syrie comme bien plus désastreuse, du fait notamment de l’impuissance de la communauté internationale, paralysée au Conseil de sécurité par les vetos russes et chinois, et sur le terrain par l’appui militaire de la Russie au régime syrien. Il nous a aussi expliqué pourquoi l’ONU est si importante pour le Moyen-Orient, car l’Europe pourrait, dans le cadre de négociations multilatérales, vraiment changer la situation dans les pays de cette région.
Les incompréhensions expliquées
Une fois sa présentation terminée, les délégués du Conseil de sécurité étaient tous très enthousiastes et ont posé des questions diverses sur les relations entre leur pays et la région du Moyen-Orient. Mr. Filiu a tenté de répondre plus ou moins en détail aux questions posées, nous parlant aussi de son livre sur l’Algérie intitulé “La Nouvelle Indépendance”, qui explique comment les relations ex-coloniales entre la France et L’Algérie, comme avec d’autres pays du Moyen-Orient, étaient encore très tendues. Il a aussi parlé des relations entre la Russie et le Liban, La Chine et le Moyen-Orient en général, les Américains et la Syrie, etc. Tout cela a permis aux délégués de ces pays de mieux comprendre leur rôle en tant que représentants.
Un message pour le futur
Le professeur Filiu a insisté beaucoup pendant la séance sur la nécessité de réunir de nouveau le peuple syrien, et pour l’ONU d’écouter la voix du peuple en priorité, et non celle du gouvernement. Il a fini la séance en nous disant : “N’oubliez pas, vous êtes l’avenir, vous êtes l’Europe et le Moyen-Orient a besoin de l’Europe. Vous êtes ceux qui vont changer le monde”, ce qui conclut bien cette dernière séance de préparation avant les débats formels de ce vendredi 2 octobre 2020.
Mathilde Paquet (S6FRB) / EEB3 Ixelles