Rencontre avec l’écrivaine Anne-Sophie Brasme
Anne-Sophie Brasme est venue rencontrer les élèves de S5, S6, S7 (L1 français) de l’école européenne de Karlsruhe. L’occasion d’évoquer son œuvre littéraire qui débuta lorsqu’elle n’avait que… 17 ans !
Sa vie
Anne Sophie Brasme est née en 1984 à Metz, elle a grandi à Woippy, où son père, un professeur d’histoire et de géographie, a cofondé le salon du livre d’histoire de la ville. Anne Sophie Brasme est passionnée par la littérature. Il s’agit pour elle d’un moyen de se libérer de ses peines et de ses tourments. L’autrice a commencé à écrire son premier roman Respire à l’âge de quinze ans. Ce roman lui a permis de clôturer son passé douloureux, en raison d‘une relation toxique qu’elle menait avec une amie narcissique. Subséquemment au succès de son livre, elle publie Le carnaval des Monstres. En 2007, Anne Sophie Brasme a été reçue à l‘agrégation des lettres modernes, à l’université Paris IV-Sorbonne. Depuis, elle est professeure, d’abord au lycée Poncelet de Saint-Avold, puis au lycée Blaise Pascal de Colmar. (Madeline Virnich et Loan Brossard, S6fr)
Ses œuvres

Anne-Sophie Brasme est une autrice française connue pour ses romans psychologiques incitant le lecteur à la réflexion. En 2001, elle publie Respire à l’âge de 17 ans. Cette œuvre connaîtra un succès imminent et a été adaptée plus tard au cinéma par Mélanie Laurent. Cependant, sa carrière d’écrivaine ne s’arrête pas là : elle publie Le Carnaval des monstres en 2010, Notre vie antérieure en 2014, Que rien ne tremble en 2022 et récemment, Ce qu’on devient en 2024. Dans l’ensemble de ses œuvres, Anne-Sophie Brasme évoque des thèmes émotionnels forts tels que le suicide, les relations personnelles et le rapport que chacun entretient avec lui-même. Dans sa dernière œuvre, Ce qu’on devient, Anne-Sophie Brasme s’adresse à l’adolescente qu’elle était lors de la publication de sa première œuvre. Elle y retrace son parcours et s’interroge sur la quête de soi. (Leni Georg et Lola Naisse, S6Fr)
Respire : l’histoire d’un harcèlement
Charlène est une adolescente asthmatique, elle est exclue à l’école et, après avoir perdu sa seule ami Vanessa, se retrouve toute seule au collège. Incomprise et souffrante, elle fait une tentative de suicide et rencontre ensuite Sarah à l’hôpital. Sarah est une fille de sa classe bien aimée par tout le monde et les jeunes filles deviennent vite meilleures amies. Malheureusement, leur amitié tourne au pire quand Sarah devient manipulatrice. Charlène devient obsédée et cherche à tout faire pour que Sarah l’aime et soit son amie de nouveau. Tout cela continue jusqu’à ce que Charlène, qui n’en peut plus, tue Sarah un soir. Charlène est envoyée en prison et c’est la fin de l’histoire entre les deux filles. L’autrice nous a raconté avoir connu personnellement une expérience d’amitié toxique avec une fin différente bien entendu… (Colin Houdet et Thomas Schneider, S6fr)

Comparaison avec les œuvres au programme de français en S6 et S7
Anne-Sophie Brasme a raconté lors de sa visite qu’une de ses inspirations littéraires était notamment Albert Camus, l’auteur de L’Étranger, une œuvre que nous avons étudiée en classe. Celle-ci l’a particulièrement marquée. C’est d’ailleurs ce roman qui a donné envie à Anne-Sophie Brasme d’écrire l’histoire d’un meurtrier. En effet, à la fin de son livre Respire, le personnage principal Charlène s’avère être une meurtrière, tout comme Meursault, le personnage principal de L’Etranger. D’ailleurs, la rencontre décisive entre Charlène et Maxime se déroule dans une librairie lorsque l’héroïne se décide à acheter le livre d’Albert Camus. Nous avons également étudié Les Cahiers de Douai, un recueil de poèmes écrit par Arthur Rimbaud. Lors de l’écriture de cette œuvre, Rimbaud avait 15 ans et fut ainsi tout comme Anne-Sophie Brasme un écrivain précoce. Dans son œuvre, Rimbaud critique les conditions misérables de la période d’après-guerre. On pourrait dire qu’Anne-Sophie Brasme démontre également à quel point l’adolescence peut être difficile pour les jeunes. Quant à l’œuvre au programme en S7, Manon Lescaut de l’abbé Prévost, les points communs sont nombreux : témoignages rétrospectifs des victimes d’une amitié toxique (Des Grieux, Charlène), jeunes femmes manipulatrices (Manon, Sarah). La littérature contemporaine se nourrit donc bien de l’héritage des œuvres classiques. (Emilie Huber)
Du roman d’Anne-Sophie Brasme au film de Mélanie Laurent

La première différence visible est la narration. Le film nous présente une certaine évolution des personnages perçue visuellement par les émotions et expressions, alors que le livre nous présente une approche plus psychologique. Dans le film, rien franchement n’aurait pu prédire une issue pareille : la scène du meurtre surprend le spectateur. Mélanie Laurent a fait une excellente adaptation du livre. (Mathys Palo, S6fr)
Le choix des acteurs pour l’adaptation a été bien fait. Comme pour toutes les adaptations de romans, il y a toujours des scènes du livre qui sont coupées, changées, placées à un autre moment ou même coupées totalement pour mieux exprimer les sentiments, les relations et l’histoire de chaque personnage. Lire le roman est toujours la meilleure option. Le rythme du film est aussi un peu rapide. Le ton dans les conversations entre les personnages du film est parfois un peu plus calme que dans le livre. Parfois on aurait pu s’attendre à davantage de scènes où les personnages se hurlent dessus. Ce film est une bonne expérience. (Ernest Kutzner, S6fr)
Dans le livre, le récit est à la première personne et nous avons une approche introspective, le lecteur découvre son histoire passée ; Charlène essaie de comprendre comment elle en est arrivée là. On sait également que Charlène se retrouve en prison. Le suspense repose juste sur comment elle a perpétré un meurtre et qui elle a tué. Dans le film, c’est assez différent, il y a une narration externe, ce qui veut dire que le spectateur découvre les événements en temps réel. Dans le film, on ressent plus de suspense car on ne sait pas que Charlène a fini par tuer Sarah. Dans le livre, Charlène est une personne plutôt sombre, livrant un récit passé sur sa souffrance et son isolement. Dans le film, son impuissance et son manque de confiance en elle sont souvent soulignés par le silence pesant, des regards et les non-dits. Mélanie Laurent a souvent utilisé des plans serrés, des caméras fixes pour accentuer le malaise et l’isolement de Charlène. Elle a également utilisé des couleurs froides. (Ryan Yémélé, S6Fr)
Nos questions à l’écrivaine
Quand avez-vous dit à vos parents que vous écriviez le roman Respire ?
En fait avant d’écrire Respire, Anne-Sophie Brasme avait déjà écrit quelques récits ; à chaque fois, elle les donnait à lire à son père qui aimait lire et rêvait de devenir écrivain. Et donc ses parents savaient qu’elle écrivait un nouveau livre car il la voyait taper sur son ordinateur. Son père fut d’ailleurs le premier à lire Respire.
Lors de la naissance de votre enfant, était-ce compliqué d’alterner entre écrivaine et mère ?
Au début, Anne-Sophie Brasme ne pouvait écrire qu’à des moments où elle avait au moins quatre heures disponibles et rien d’autre à faire. Mais après avoir eu un enfant, elle s’est rendue compte qu’un moment parfait n’était plus possible, et donc elle a dû commencer à s’habituer à écrire juste quand elle avait du temps libre, que ce soit une heure ou juste dix minutes.

En tant qu’écrivaine suivez-vous un certain mouvement littéraire ou un style d’écriture (écriture blanche, romantisme, etc.) ?
Anne-Sophie Brasme a toujours été fascinée par le roman L’Étranger d’Albert Camus. À l’époque de l’écriture de Respire, elle ne savait pas ce que c’était l’écriture blanche. Elle voulait juste avoir un livre où la narratrice est une meurtrière. Cela était sa structure de base : les choses viennent ensuite avec l’instinct.
Pourriez-vous nous expliquer comment vous en êtes venue à écrire cette histoire ? Est-ce complètement fictif ou y a-t-il un fond de vérité ?
Quand Anne-Sophie Brasme écrivait ce livre, elle était jeune et donc ses émotions ont joué un grand rôle dans son œuvre, bien sûr qu’elle n’a jamais tué quelqu’un ! Écrire ce livre l’a beaucoup aidée à se guérir d’une amitié toxique.
Le sujet de l’atelier d’écriture proposé par Anne-Sophie Brasme
Le sujet de l’atelier d’écriture était inspiré du nouveau livre d’Anne-Sophie Brasme : Ce qu’on devient. Au début du livre, la narratrice retrouve une lettre écrite quand elle était jeune. Cette lettre s’adressait à son moi du futur. Anne-Sophie Brasme nous a donc proposé d’écrire une lettre à notre moi du futur ou bien à notre moi du passé. Cette écriture nous a permis de réaliser une petite introspection et un bilan de notre vie et de nos objectifs réalisés ou à réaliser. Le caractère intime du sujet a empêché certains de rendre leurs copies à l’écrivaine. (Cécile de Monneron, S6fr)