Munuccle 2025 : Face à la multiplication des crises, vers une nouvelle gouvernance mondiale ? Épisode ⅓

 Épisode 1 : la situation globale

Qu’est-ce que le MUNUCCLE et quelle est son origine ?

La naissance du MUNUCCLE remonte à 2018, date à laquelle l’École européenne de Bruxelles 1 fêtait ses 60 ans. Au départ, 12 élèves et 3 professeurs motivés décidèrent d’organiser une modélisation des Nations unies, à Uccle, un quartier au sud de Bruxelles.

Aujourd’hui, le MUNUCCLE de 2025 rassemblera 350 élèves de 18 écoles différentes.

Le but de cette modélisation est de réunir des élèves venant de pays, milieu et cultures différentes afin de discuter, argumenter, polémiquer autour d’un thème commun, et surtout apporter des réponses à la problématique.

Traditionnellement, dans le cadre de ces MUN (modélisation des Nations unies), chaque délégué.e représente un pays au sein de son comité. Un comité se compose d’environ 20 à 40 délégué.e.s et est spécialisé dans un domaine pour apporter des propositions et contribuer à résoudre la problématique commune. Chaque comité a donc un thème spécifique à traiter. Par exemple, en 2024, celui de la COP (Conférence des Parties sur le climat) avait pour problématique : « 2030, la vie à +2 degrés »

Chaque élève du comité donne son avis au fil des débats, dans un cadre formel ou informel. Cela crée une ambiance évidemment très spéciale, car le but commun est de rédiger des résolutions à présenter lors de l’assemblée générale. Ainsi, tout le monde travaille au mieux pour atteindre cet objectif commun. En un mot, le mot clé du MUNUCCLE est la coopération.

Reste que le MUNUCCLE est en évolution constante. Ainsi, cette année, à la place des traditionnelles organisations internationales, comme le Conseil de sécurité ou l’Organisation mondiale de la santé, largement paralysées par le durcissement des relations internationales et le triomphe du droit du plus fort, nous aurons essentiellement des forums-citoyens, une façon de répondre à tous les populistes à travers le monde qui n’ont que le mot « peuple » à la bouche. Donc oui, « chiche, redonnons la parole aux citoyens ! » pour que, même à l’échelle internationale, ce soient eux qui apportent des solutions à toutes ces situations qui nous semblent aujourd’hui bloquées. Donc au lieu que les délégué.e.s représentent des pays, chacun sera le citoyen d’un pays avec un profil économique, culturel ou religieux conforme à la population du pays en question.

Même la presse aura une nouvelle forme car les membres de l’équipe média représenteront eux-mêmes un journaliste d’une agence de presse internationale.

Qu’est-ce qu’un forum citoyen ?

Un forum citoyen rassemble des citoyens choisis aléatoirement mais représentatif de la population pour faire des propositions sur un sujet précis. Les citoyens se réunissent sur une durée déterminée, bénéficient de l’éclairage de différents experts sur le sujet débattu, et surtout discutent pour parvenir au consensus le plus large possible afin de soumettre un corpus de propositions aux décideurs politiques à l’origine de la convocation du forum citoyen. Si ces citoyens tirés au sort ne sont pas ceux qui ensuite prennent les décisions, il est clair qu’ils ont une grande légitimité qui offrent un poids très grand à leurs propositions, et beaucoup considèrent que ces formes renouvelées de participation citoyenne contribuent à régénérer une démocratie représentative aujourd’hui en crise.

Par exemple, en 2021, la ville de Genève a lancé un forum citoyen composé de 30 membres pour répondre à la question suivante : Comment voulons-nous habiter le territoire genevois pour mieux vivre ensemble dans le respect de la nature et faire face au changement climatique ? On peut trouver ici le rapport qu’ils ont adopté le 30 mai 2021 : https://forumcitoyen.ch/site/wp-content/uploads/2021/06/forum-citoyen_avis-final.pdf

Ce pari ambitieux est donc réalisable grâce à l’implication de délégué.e.s très motivé.e.s. Nombre d’entre eux se sont demandé pourquoi ce choix de créer des forums citoyens au lieu des habituels pays et de comités. Nous avons donc posé la question à la présidente du MUNUCCLE 2025, Leah Guichard. « Les organisations régionales/internationales (comme l’ONU) ont de plus en plus de mal à gérer les multiples crises dans le monde, ils sont dans l’incapacité de trouver des bonnes solutions, on voit bien à quel point ça devient dur pour l’ONU par exemple avec le CS et la COP qui sont complètement bloqués, on part dans une polarisation du monde, les forums citoyens permettent d’impliquer ceux qui à la fin font face aux défis ; la population fait face aux défis plus que ceux qui sont au pouvoir, ils peuvent proposer des solutions qui sont plus réalistes et faisable. Les forums citoyens permettent d’avoir des points de vue divers ou la voix de tous est égale ; de plus cela permet d’impliquer les jeunes. »

Ainsi, le grand avantage de ces forums citoyens (ou assemblées citoyennes) est de tenir compte de la diversité de la société tout en permettant de dégager une vision commune loin des anathèmes et de la polarisation des débats à laquelle on assiste de plus en plus aujourd’hui. Les organisateurs du Munuccle font le pari que cette formule, appliquée jusqu’ici à l’échelle locale ou nationale, pourrait aussi l’être à l’échelle internationale. Puisqu’il ne s’agit que d’une « modélisation », le Munuccle se veut être cette année un laboratoire démocratique pour sortir de l’impasse dans laquelle se trouve désormais la communauté internationale.

Zoé Proton (EEB1) et Lilla Gargya (Lycée français de Bruxelles), rédactrices en cheffe de l’Œil du Munuccle.