Communication, respect et petits gestes : les valeurs principales de M. Tran, directeur de l’EEB1

M. Tran est le nouveau directeur de l’EEB1 depuis le mois de septembre 2022. Nous l’avons rencontré afin d’en apprendre plus sur sa personne, ainsi que sur sa vision de notre établissement et sur les valeurs qu’il souhaite y porter. D’abord professeur de mathématiques en France, aux États-Unis et en Espagne pendant 20 ans, puis proviseur au Brésil et en Chine, M. Tran est toujours à la recherche de nouveaux challenges et il a eu l’opportunité unique de rejoindre un système multiculturel. C’est cet environnement, qui n’a d’équivalent nulle part ailleurs, qui l’a poussé à rejoindre les rangs de l’administration d’EEB1 à la dernière rentrée scolaire. M. Tran affirme avoir été rapidement charmé par le cadre vert de ce qu’il décrit comme un « immense campus », lui donnant l’impression de se trouver au sein d’une université à part entière. Il avoue avoir été également surpris par la densité d’élèves et de personnel, et la multitude de langues parlées au sein de l’établissement. M. Tran, émerveillé par ce qu’il décrit comme un “environnement multiculturel riche”, admet néanmoins ne pas encore avoir eu l’occasion d’assister à des « moments fédérateurs » témoignant d’une réelle identité européenne au sein de l’école. Rencontre.

Si vous deviez choisir 3 axes de développement de notre école, quels seraient-ils ?

La première thématique importante reste celle du vivre ensemble, c’est-à-dire l’idée d’améliorer le bien-être, celui des élèves et du personnel au sens large, professeurs, administration, services. J’y inclus la communication, le fait de pouvoir se parler dans le respect. Un autre point important est plus pédagogique : il s’agit de renforcer le dialogue entre les différentes sections et entre les différents professeurs. Il y a beaucoup de professeurs et finalement beaucoup de travail réalisé encore un petit peu de manière isolée. Les professeurs affirment à juste titre qu’ils ont beaucoup de travail (et donc de pression) mais on souhaiterait qu’ils partagent davantage pour que chacun puisse mieux profiter du travail des autres, dans le bon sens et en apportant sa contribution. C’est un aspect qui n’est pas encore suffisamment ancré dans la culture de l’école. Le 3e point concerne davantage l’administration et la nécessité de favoriser des procédures administratives qui soient plus lisibles. On parle de projets en général, mais aussi de procédures très simples, comme les formations des professeurs.

Au moment des journées pédagogiques ?

Oui, une journée pédagogique, comment ça s’organise, quel sont les projets ? Il convient d’avoir des feuilles de route encore plus claires et que l’organisation ne se décide pas simplement 2 mois avant, mais que ce soit des choses plus réfléchies sur le long terme.

Est-ce qu’une école plus juste, plus inclusive et plus verte est possible, si oui comment ?

Concernant l’école plus juste, vous avez tout à fait raison de le dire et je pense qu’on on fait cet effort-là au niveau pédagogique, en offrant des cours supplémentaires lorsqu’il le faut. L’école peut également être plus juste financièrement, en apportant des aides aux familles lorsque c’est possible et lorsque ça se justifie. On essaie d’individualiser et d’agir de façon à ce que tout le monde puisse être traité d’une façon équitable, que ce soit les élèves mais aussi le personnel. Pour une école plus inclusive, là aussi, l’inclusion concerne donc évidemment les personnes en situation de handicap mais c’est aussi la reconnaissance de l’autre, c’est la reconnaissance des personnes qui ne sont pas genrées, qui ne sont pas binaires, des personnes qui ont des interrogations, qui ont besoin d’un temps de dialogue, d’un espace d’expression, c’est la question du racisme et de l’acceptation des uns et des autres. Et enfin, nous travaillons sur la partie développement durable. J’en ai parlé aux élèves qui doivent déjà commencer par le respect de la propreté de nos locaux avant de pouvoir avoir des super projets. C’est bien d’innover, mais commençons déjà par regarder par terre et tous ces objets Eureka qui sont perdus. Moi, ça me gêne. Si on pouvait déjà localement faire de petites choses, ça aurait autant de sens que des gros projets de développement durable.

Donc vous pensez que l’école verte passe avant tout par l’action de l’étudiant et par de petits gestes ?

Je dirais qu’il ne faut pas oublier les petits gestes. Parfois on est trop sur des gros projets du genre « allons planter 50 arbres », « allons mettre des panneaux photovoltaïques ». Ce sont de très beaux projets mais à côté de ça, on se dit parfois qu’il y a des choses qui ont l’air plus simples à faire et pourtant sont tout aussi difficiles à mettre en œuvre.

Comment pensez-vous pouvoir promouvoir et inciter à la création de projets particuliers, tels que le MUNUCLE et l’EURSCMAG et comment valoriser ceux déjà existant ?

La promotion des projets, c’est déjà la finalité de la communication, pour que les élèves se disent qu’on peut mettre en place quelque chose, on nous fait confiance et on va nous faciliter les choses. Il faut donc instaurer une relation de confiance et une bonne communication entre les élèves et les interlocuteurs de l’école : les professeurs, les conseillers, les coordinateurs ou les directeurs du secondaire. C’est par eux que vous passez pour présenter des projets. Par exemple, un projet actuel intéressant concerne le fait de renommer des bâtiments de manière à ce que on n’ait pas que des noms d’hommes célèbres et donc à promouvoir des noms féminins. Pour soutenir ce projet, nous regardons juridiquement et administrativement ce qu’il faut faire et on fera en sorte que cette initiative puisse aboutir. Pour toutes ces actions particulières, il faut que l’habitude s’instaure entre les élèves, le CDE et l’école. Tous les projets sont les bienvenus et pour les relayer, on compte sur les élèves, on compte sur l’EURSCMAG pour justement diffuser et montrer ce qu’on a réussi à mettre en place et ça peut motiver d’autres écoles mais surtout motiver nos propres élèves.

Quel rapport avez-vous avec les formations comme le CDE, l’Ecosup et autres organisations étudiantes ?

Je viens d’un système français où il existe cette représentation d’élèves de manière officielle et reconnue au Conseil d’administration de l’établissement. Ici on parle davantage des stakeholders, des personnes avec qui je dialogue comme avec un représentant du personnel, comme avec un professeur qui aurait des suggestions. Ils ont toute ma considération, on est tous au même niveau. Je compte ainsi sur eux pour relayer aussi des messages forts par rapport au respect et aux petits gestes évoqués avant. Je compte sur eux aussi pour me faire parvenir des messages des élèves afin qu’on puisse les aider dans leur démarche ou leur dire pourquoi on ne peut pas le faire. Ce sont de vrais partenaires et je crois que c’est un espace vraiment intéressant pour les élèves justement pour apprendre un petit peu, pour avoir, plus tard dans la vie, une meilleure expérience de ce que c’est que faire des projets, de négocier et ce genre de choses constitue donc une réelle expérience de vie.

Pensez-vous donc qu’il faudrait peut-être plus encadrer, structurer et peut-être plus démocratiser la représentation des élèves, parce que, quand on voit les résultats de l’abstention lors des élections du CDE, c’est quand même assez notable. L’administration pourrait-elle intervenir de façon bienveillante dans le fonctionnement du CDE ?

Complètement, nous on est prêts à aider, c’est ce qu’on a fait déjà cette année du mieux possible, parce qu’il y avait des contraintes, notamment le vote en ligne, c’est vrai que c’était un peu particulier. Mais je crois qu’il faut continuer à mettre en place un accompagnement citoyen pour sensibiliser, former les élèves et les inciter à voter, notamment pour les petites classes. Mais cela représente beaucoup d’organisation, en particulier de faire passer chaque classe devant un vrai bureau de vote. Mais pourquoi ne pas solliciter à cet effet des membres du CDE qui seraient présents et expliqueraient les enjeux aux plus jeunes ?

Y a-t-il d’autres aspects que vous voudriez proposer de changer dans cette école, à court ou à long terme ?

Là, c’est plutôt du rêve, et ça ne sera pas pour tout de suite, mais ce serait d’avoir une vraie salle polyvalente, de type amphithéâtre, pour mettre en place des spectacles, des conférences ou des réunions. C’est un espace spécifique qui nous manque (à la place du réfectoire ou du gymnase). L’autre projet important concerne l’entrée de l’école : il faudrait réaliser de vrais travaux pour pouvoir créer une vraie entrée d’école, parce que, pour le moment, que ce soit à Vert Chasseur ou Opstal, on n’identifie pas vraiment que c’est une entrée d’école.

Il y a quelques années, un article a été publié dans le journal des écoles européennes, qui parlait de la surpopulation des écoles. Que pensez-vous de cette surpopulation des écoles européennes ?

S’il y a un nombre important ou trop important d’élèves, ça veut dire qu’il y a quand même une confiance en ce système et donc qu’il fonctionne bien et que les familles et les élèves se sentent bien dans cette école. Mais, si on parle de surplus d’élèves, c’est surtout à Bruxelles et on le sent surtout dans le secondaire où la population est en croissance. Nous avons l’obligation de scolariser les enfants du personnel et des fonctionnaires européens, donc on ne peut pas refuser ces inscriptions mais on a hâte d’ouvrir la nouvelle école dans quelques années pour pouvoir justement rééquilibrer en fait les effectifs sur toutes les écoles.

Beaucoup ont été agréablement surpris de vous voir tous les matins devant l’école et du coup s’interrogent sur pourquoi vous tenez tant à être présent tous les matins à l’entrée de l’école ?

Je pense que l’accueil d’une manière générale est important et donc l’accueil des élèves, ça se fait le matin. Pour moi accueillir, c’est dire bonjour et cela permet de prendre un peu la température, de voir un petit peu dans quelles conditions les élèves arrivent, les conditions matérielles (à vélo, à pied, entre copains ou copines…) et des conditions aussi psychologiques (on sent parfois que certains élèves n’ont pas toujours vraiment envie de venir). Ça permet aussi de rencontrer des personnes, cela donne l’occasion à quelqu’un de poser une question sans nécessiter un rendez-vous qui peut prendre 2 semaines avant d’être obtenu.

Que pensez-vous de Bruxelles ? Est-ce que vous avez un endroit préféré, une activité que vous aimez faire et quel est le rapport que vous entretenez avec cette ville ?

Je découvre Bruxelles, je l’avais visitée comme touriste et c’est vrai que je n’avais vu que certaines parties très « carte postale ». Mais là, je redécouvre Bruxelles et je m’interroge parce que c’est très contrasté, il y a des endroits magnifiques, des endroits où ce n’est pas très propre, des endroits où il y a une architecture allemande et on ne comprend pas tout. En fait c’est un petit peu aussi à l’image des toutes les personnes qu’on va croiser dans les transports en commun, dans la rue. Ça parle toutes les langues, “ça part un peu dans tous les sens” et c’est ça qui est excitant. Ce qui m’attire dans ce type de capitale, c’est sa richesse culturelle, plus particulièrement la musique parce que cela m’intéresse beaucoup, les salles de spectacle, les concerts, l’opéra… Donc je suis ravi d’être ici et de découvrir une capitale très dynamique

A l’image de notre école ?  

Oui complètement, et c’est ce que je souhaite conserver, cet enthousiasme, mais dans le sens du respect des uns et des autres, c’est ça qui est important.

Propos recueillis par Jan Doktorič et Lucas Micolier / S7FR / EEB1 Uccle

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