Maxime Lebrun, Intervenant au Conseil de sécurité pour parler des guerres hybrides

Le 5 octobre, de 18h à 19h, le Conseil de sécurité du Munuccle 2022 a eu le plaisir d’assister à la présentation de Maxime Lebrun, analyste senior au Centre d’Excellence Européen contre les menaces hybrides (Hybrid Threats CoE), basé à Helsinki, en Finlande.

Après des études à l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence puis de Lyon, il a travaillé au Centre international de défense et de sécurité (ICDS) en recherche. Ce Centre d’Excellence est une organisation autonome internationale, fondée en 2017, comptant 32 États participants, et visant à les préparer à se spécialiser dans divers aspects des conflits hybrides à travers différentes Communautés d’Intérêts (COI). Ces États cherchent à mesurer la nature des menaces hybrides, la stratégie à adopter pour mieux s’en protéger, les vulnérabilités à éliminer et la résilience à améliorer, la recherche et analyse, et enfin la formation et exercice expérimental avec différents scénarii hybrides.

Dans cette présentation, M. Lebrun nous a expliqué que le Centre d’Excellence contre les menaces hybrides est ouvert aux membres de l’OTAN et de l’UE, qu’il est une passerelle ou un hub de communication entre les deux afin qu’ils puissent aborder cette question dans les mêmes termes.

Pour M. Lebrun, les principales caractéristiques des menaces hybrides sont les suivantes : le seuil qui permettrait de parler d’agression n’est jamais clairement franchi, un des principaux objectifs est d’amener les citoyens d’un pays à perdre confiance en leur gouvernement et à favoriser la polarisation des opinions, l’utilisation du contrôle réflexif (un État-cible prend une décision en pensant agir dans son propre intérêt, alors qu’en fait, il agit dans l’intérêt d’un ennemi, sans le savoir), et enfin le micro-ciblage.

Étant donné que nous sommes tellement connectés de nos jours, il y a beaucoup plus de risques que ces menaces apparaissent. Une autre stratégie utilisée est la discréditation : les régimes autoritaires visent à afficher leurs propres valeurs et morales comme les meilleures, —au détriment des démocraties libérales— les premiers tentent de repérer les fautes morales que les secondes ont pu commettre (par exemple, la Biélorussie a accusé l’UE et la Pologne pour avoir refusé d’accueillir des immigrés à l’intérieur de leurs frontières, et l’ont utilisé pour dire à leurs citoyens « nous valons mieux que l’UE » ; un exemple d’instrumentalisation des migrants pour discréditer les démocraties libérales).

Après la présentation de M. Lebrun, les délégués disposaient d’un peu de temps pour lui poser directement des questions. Elles concernaient des problèmes notables, comme la guerre en Ukraine ou le conflit israélo-palestinien. La délégation de la Norvège a demandé à l’intervenant si la guerre menée en Ukraine, par la Russie, était une surprise. Brièvement résumé, la réponse de M. Lebrun était celle-ci:  « Nous savions que quelque chose allait arriver, mais dès le début, nous savions que l’objectif de la Russie serait presque impossible à atteindre. La Fédération de Russie, à d’innombrables reprises, rappelle à l’Occident que, puisqu’elle n’en fait pas partie, ses actions ne seront pas limitées à un code de conduite, que l’Occident semble suivre. En même temps, cependant, ils essaient de gagner la sympathie de l’Occident, car pendant la guerre, maintenant ils perdent du territoire et sont repoussés. C’est le paradoxe que représentent les actions de la Russie. Prenez en considération que le drapeau russe, (par exemple) dans certains pays d’Afrique, devient le symbole de la liberté (par exemple au Mali ou au Burkina Faso) et de l’opposition aux anciennes puissances coloniales comme la France. De nombreuses autres questions des délégués ont reçu des réponses détaillées et extensives.

Dans l’ensemble, les délégués ont été captivés et ont appris quelque chose de nouveau. M. Lebrun a semblé satisfait des questions posées et du grand intérêt que les délégués ont manifesté pour ce sujet. Son intervention a représenté un apport indiscutable pour le Conseil de Sécurité du Munuccle 2022.

Lisa Banti / S7EN / EEB1 Uccle

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