La liberté d’expression est-elle mise en danger à cause de la violence extrémiste ?
L’attentat du lundi 16 octobre 2023 à Bruxelles peut nous faire remettre en question la notion essentielle de la Liberté d’expression. Cette notion a toujours été une question sensible. Même si cela semble être quelque chose d’assez simple et facile à comprendre, nombreux sont ceux qui se posent encore des questions sur les limites à la liberté d’expression (quelles sont-elles et où sont-elles ?) – s’il y en a.
La définition de la liberté d’expression est la suivante : « le pouvoir ou le droit d’exprimer ses opinions sans censure, restriction ou sanction légale. » Il s’agit du concept du droit humain inhérent d’exprimer publiquement son opinion sans crainte de censure ou de sanction du gouvernement. Le « discours » ne se limite pas à la prise de parole en public et est généralement considéré comme incluant d’autres formes d’expression. Ce droit est préservé dans la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies et est officiellement reconnu par les lois de la plupart des pays. Ceci peut nous sembler très clair et évident, surtout ici dans le monde occidental. Toutefois, selon Amnesty International, la liberté d’expression est considérablement limitée en Chine, en Corée du Nord et d’autres états. La liberté d’expression s’est améliorée au Myanmar ces dernières années, mais des défis importants subsistent. Il s’agit donc d’un sujet qui fait l’objet de débats dans le monde entier et qui affecte d’une manière ou d’une autre la population mondiale.
Des conflits naissant suite à des difficultés concernant la liberté d’expression
De nombreux conflits naissent notamment de désaccords entre les populations quant aux limites de la liberté de s’exprimer. Le sujet qui entraîne le plus de conflits et les plus violents est la religion, car il s’agit d’un thème extrêmement individuel et personnel. Nous l’avons vu, entre autres, avec les différents attentats terroristes de ces dernières années, qui découlent des conflits liés au respect de la religion de chacun sans limiter nos droits humains à nous exprimer librement.
Le 7 janvier 2015, il y avait lieu à Paris l’attentat terroriste contre le magazine satirique français Charlie Hebdo. Deux terroristes masqués armés de fusils d’assaut Kalachnikov ont pris d’assaut le siège de Charlie Hebdo à Paris, tuant 10 personnes. Au total, 20 personnes ont perdu la vie dans cette attaque. Il s’agit d’une attaque liée à la problématique de la liberté d’expression. Charlie Hebdo est un journal connu pour ses articles et dessins qui se moquent de divers sujets d’actualité, surtout la politique et la religion. Il a été historiquement visé pour plusieurs menaces à cause de certaines caricatures du prophète de l’Islam, Mahomet, et en 2015 les terroristes sont allés encore plus loin dans la violence avec l’attaque.
Le terrorisme a un impact direct sur les droits de l’homme, avec des conséquences sur la jouissance du droit à la vie, à la liberté et à l’intégrité physique des individus, en particulier des victimes du terrorisme. Il peut déstabiliser et affaiblir des sociétés entières, mettre en péril la paix et la sécurité et menacer le développement social et économique.
L’attentat du 16 octobre 2023
Récemment, il y eu lieu l’attentat du 16 octobre 2023 ici à Bruxelles qui a choqué et touché tout le pays. La région bruxelloise est passée à niveau 4 sur 4 dans l’échelle de risque terrorisme. Deux supporteurs de l’équipe de foot nationale suédoise ont été tués et un troisième extrêmement blessé lors de cet attentat près de la place Sainctelette à Schaarbeek. Ces personnes étaient présentes pour assister au match de football entre la Belgique et la Suède, qui en conséquence a été annulé à la mi-temps. Le suspect est Abdelsalem Lassoued qui, après l’attaque, a directement disparu, et a finalement été trouvé et neutralisé le lendemain matin. Il était Tunisien, âgé de 45 ans, domicilié illégalement dans la région bruxelloise. Tout le pays était en état de choc total.
Les Suédois ciblés
Tout ceci a un lien avec la liberté d’expression. Les Suédois ont été ciblés par Al-Qaeda en août suite aux autodafés de plusieurs exemplaires du Coran – le livre sacré des Musulmans – qui ont été brulés à Stockholm pendant l’été de 2023. Les évènements de cet été ont fait de la Suède une cible réelle des terroriste islamiques. Une série de manifestations (essentiellement concentrées à Malmö, troisième plus grande ville de Suède) ont déclenché la colère contre la Suède de la part de plusieurs pays du Moyen-Orient et des tensions diplomatiques également. Salwan Momika, un militant anti-islamiste d’origine irakienne, est à l’origine du déclenchement des affrontements, en ayant brulé un exemplaire du Coran. Des individus en colère non identifiés ont ensuite tenté de l’arrêter dans sa démarche. Tout cela a entraîné énormément de conflits, de violences envers la police et tout le monde impliqué. Plusieurs conséquences ont suivi notamment la condamnation des destructions du Coran par le gouvernement suédois, en rappelant les lois sur la liberté d’expression.
Vers mi-août, de plus, les autorités suédoises ont augmenté leur niveau d’alerte terroriste à quatre sur une échelle de cinq, en disant que la Suède était « passée du statut de cible légitime pour les attaques terroristes à celui de cible prioritaire ». La sécurité de plusieurs représentant suédois a été renforcée dans plusieurs pays du Moyen-Orient.
Des manifestants irakiens ont également pris d’assaut l’ambassade de Suède à Bagdad en Irak en juillet 2023 à deux reprises, entrainant des incendies dans l’enceinte la deuxième fois.
Ceci est donc la raison pour laquelle l’attentat de Bruxelles a eu lieu ce lundi 16 octobre. La Suède est visiblement devenue une cible prioritaire pour les terroristes extrémistes. Donc la question est de savoir si nous avons réellement un droit humain à la liberté d’expression, est-il honnêtement applicable/raisonnable de dire que nous l’avons si les conséquences de celle-ci peuvent être la mort tragique de nos concitoyens ?
Olivia Bardram / S6DA / EEB1 Uccle