Deux témoignages autobiographiques d’Annie Ernaux

Annie Ernaux, lauréate 2022 du Prix Nobel, a coréalisé avec son fils David Ernaux-Briot, un documentaire autobiographique intitulé Les Années Super 8 qui présente son passé d’épouse et d’écrivaine entre 1972 et 1981. Nous nous intéresserons au rapport entre le film Les années Super 8 et le journal d’Annie Ernaux, Regarde les Lumières mon amour. Le contenu du film est très différent de celui du livre. Le livre parle plutôt des supermarchés, des hypermarchés et de la consommation. Dans le film, le supermarché est mentionné juste une fois, au début, quand Annie Ernaux revient du supermarché et est surprise par la caméra de Philippe Ernaux. On voit donc que le livre et le film traitent de sujets complètement différents mais sont tous les deux ancrés dans la vie quotidienne.

Giulia Dreusch / S7L3 / EE Karlsruhe

Une observation de la société.

Dans le livre, Regarde les Lumières mon Amour, Annie Ernaux observe la société de consommation. Elle trouve différents types de personnes dans le rayon. Par exemple, elle dit que, dans le rayon bio, il y a des gens riches. Elle note qui vient ou qui achète quoi et elle réfléchit au rôle des gens dans la société. Dans le film, c’est Philippe Ernaux qui observe sa famille, notamment l’enfance et l’adolescence de ses fils. C’est une perspective intéressante car les émotions sont à l’état brut. La narration d’Annie Ernaux apporte encore une nouvelle vue car sa voix monotone donne un sentiment de mélancolie. 

Preet Singh / S7L3 / EE Kralsruhe

Le communisme dans les deux œuvres 

Dans le film Les Années Super 8, Annie Ernaux observe les différentes sociétés dans les pays qu’elle visite. Par exemple, les traditions, la société et le gouvernement (communistes). De même, au début de son journal, Regarde les lumières, mon amour, Annie Ernaux décrit un souvenir de son passé quand elle était en Slovaquie. Dans ce pays communiste, Ernaux a observé la désorientation des Slovaques. Dans ce système non capitaliste, ils n’ont pas l’habitude d’acheter des produits.

De la même manière, le film Les Années Super 8 montre les sympathies communistes d’Annie Ernaux. Notamment, elle a spécifiquement choisi de partir en vacances dans les pays communistes et au temps du rideau de fer, elle avait la curiosité de découvrir l’URSS. Cependant, ses impressions du communisme ont changé avec le temps. Au Chili, elle était impressionnée par les changements positifs du nouveau gouvernement (par exemple, pour aider les enfants défavorisés), mais en Albanie, elle n’a pas vu le vrai pays.  Cela l’a irrité parce que c’est une grande observatrice.

D’une certaine façon, on peut dire que le livre d’Ernaux est un journal d’observations sur l’anticommunisme. En d’autres termes, l’écrivaine évoque ses critiques du capitalisme et du consumérisme. En résumé, dans son film, Ernaux montre sa fascination pour la vie soviétique et dans son journal, elle observe le consumérisme. 

Sophia Stoney et Careen Liebe / S7L3 / EE Kralsruhe

Un focus sur la vie quotidienne

Dans le journal Regarde les Lumières mon Amour et le film Les Années Super 8 d’Annie Ernaux, il y a deux classes sociales qui sont représentées.  Le journal utilise les hypermarchés comme symbole des problèmes des Français : le consumérisme, la paupérisation des classes sociales françaises et la politique. Les classes sociales sur lequel se concentre le journal sont les indigents et les classes moyennes. 

En contraste du journal, le film utilise les meubles et d’autres objets comme symboles pour montrer la vie et la chance qu’ils ont d’être dans la classe bourgeoise. Dans le film d’Annie Ernaux, on peut voir comment ils ont vécu, c’est une famille qui voyage beaucoup, ce n’était pourtant pas évident à leur époque.

Sarah Lesser et Eve Rummel / S7L3 / EE Kralsruhe 

Le mal-être dans le mariage 

Annie Ernaux se sent comme enfermée dans une cage parce que son mari n’était pas féministe et pas d’accord avec son métier d’écrivaine. Annie Ernaux semble littéralement « gelée » comme le dit le titre de son livre, La Femme gelée (1981). Le journal évoque le rôle stéréotypé de la femme qui va faire des courses (plus souvent que les hommes). D’ailleurs, les rayons comme celui des jouets reflètent les genres et les stéréotypes des femmes et des hommes. Annie Ernaux va seule faire ses courses après son divorce. Aller au supermarché toute seule symbolise la solitude car « faire les courses à deux pour la première fois signe les prémices d’une vie commune » (p.47). Les rayons « virils » sont ceux des nouvelles techniques et connectiques. Ces rayons forment un espace « aristocratique » dont les femmes semblent exclues.

Tous les élèves / S7L3 / EE Kralsruhe

Un titre stéréotypé ?

Annie Ernaux a une relation très bonne avec ses fils : elle aime bien passer beaucoup de temps avec eux et aime les amener partout où elle va. A son époque, il était normal pour les femmes de faire leurs courses avec leurs enfants. Le titre Regarde les Lumières mon amour veut dire qu’une mère montre quelque chose à son enfant comme Annie Ernaux qui aimait montrer les continents à ses fils. Dans le film, la période de Noël a été filmée et on a vu les enfants qui reçoivent les cadeaux : le titre du journal renvoie à la même période de Noël. 

Tous les élèves / S7L3 / EE Kralsruhe

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