Élections présidentielles françaises de 2022 : À quoi faut-il s’attendre ?

Les élections présidentielles en France représentent la fondation même de la République. Un président y est élu pour un mandat de 5 ans, et peut ensuite nommer son premier ministre, qui lui-même forme son gouvernement.

En France, la vie politique est structurée en deux grands partis : la droite et la gauche ; nommés d’après leur position dans l’Assemblée nationale durant la Révolution française. Ils s’opposent sur divers problématiques et se confrontent durant des débats politiques ayant lieu dans le contexte d’élections proches. Tandis que la gauche revendique principalement les valeurs de la liberté et les idéologies du socialisme ainsi que l’intervention de l’Etat dans la vie économique, la droite défend les sujets de l’immigration, de la sécurité et du libéralisme économique.

Les candidats de droite et de gauche sont eux-mêmes inclus dans des partis distincts, tels que Le Parti Socialiste, le Parti Communiste, La France Insoumise ou Europe Écologie Les Verts pour la gauche ainsi que Les Républicains, Le Rassemblement National ou Reconquête pour la droite.

Pour les élections présidentielles de 2022, les principaux candidats de la droite sont Marine Le Pen, Éric Zemmour, Valérie Pécresse et Emmanuel Macron au centre droit, tandis que ceux de la gauche sont Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon et Fabien Roussel.

Les candidats d’extrême-droite

Éric Zemmour, représentant du parti Reconquête, a débuté sa carrière politique en 2021 après une transition de chroniqueur au Figaro à importante figure médiatique. Celui-ci place l’identité française en figure de proue de son programme (revendiquant également inévitablement les sujets de la sécurité et de l’immigration), et prône la théorie du « grand remplacement » selon laquelle les Français deviendraient « arabisés » en étant peu à peu remplacés par des immigrés venant gangréner la société. Sa renommée n’ayant cessé de grandir par le biais des réseaux sociaux et des émissions télévisées (principalement sur le plateau de C News) grâce à son utilisation habile de la polémique, celui-ci s’est servi à la fois ses grands talents d’orateur mais également de sa rhétorique bien huilée pour convaincre ses partisans, et a su s’imposer comme l’un des principaux candidats d’extrême droite pour les élections de 2022.

De son côté, Marine Le Pen, déjà candidate aux élections présidentielles de 2017 avec son parti Le Rassemblement National et ancienne représentante principale de l’extrême droite, est considérée aujourd’hui comme « dédiabolisée » et semble ainsi abandonner petit à petit ses idéologies nationalistes pour rejoindre une droite moins radicale. Celle-ci a notamment renoncé à son projet de sortie de l’Union Européenne et de la monnaie unique, mais persévère cependant toujours dans sa dénonciation de l’immigration.

Le président sortant se représente

Enfin, candidate de la droite traditionnelle, Valérie Pécresse s’est imposée à la suite des primaires comme représentante du parti des Républicains. Surnommée « la dame de faire » pour son ambition à changer la France, celle-ci a cependant effectué un premier meeting jugé désastreux tant sur la forme, par une manière de s’exprimer parfois peu convaincante, que sur le fond, avec son revirement de centre-droite à une droite plus radicale. En effet, elle évoque à la fois un « grand remplacement » tout en rappelant son « refus de la nostalgie » de la France passée. Cette ambiguïté s’explique par son désir de jouer sur deux fronts pour obtenir les suffrages à la fois des électeurs de droite mais également de ceux d’extrême droite.

Emmanuel Macron, quant à lui, se définit comme étant au centre et possède le plus haut taux de suffrages estimés, avec 25% des voix des électeurs selon les sondages. Elu président de la République en 2017 à la surprise générale, son quinquennat a été secoué par de nombreuses crises (gilets jaune, réforme des retraites, pandémie de Covid-19). Celui-ci est le leader de son parti La République En Marche et est défini par certains comme un banquier (« tu finiras banquier comme le président », Orelsan, « Casseur Flowters Infinity ») en raison de son ancien emploi à la banque d’affaires Rothschild et de ses importantes réformes en tant que ministre de l’économie durant la présidence de François Hollande. Sa tendance à privilégier un aspect libéral de l’économie témoigne que celui-ci est plus proche de la droite que de la gauche, bien qu’il fût pourtant membre du Parti Socialiste entre 2006 et 2009.

La gauche divisée

A gauche, la faiblesse de l’opposition ces dernières années est reflétée par le manque de représentants solides et l’augmentation des candidatures, entraînant une certaine débâcle et une perte de popularité au sein du groupe politique.

Christiane Taubira, candidate tardive aux élections présidentielles de 2022 et ancienne ministre de la Justice durant le mandat de François Hollande, constituait l’un des piliers de la gauche. Possédant un programme aux objectifs majoritairement socialistes, elle avait notamment l’ambition de créer une aide financière aux étudiants français, leur permettant ainsi d’éviter de devoir travailler durant leurs années d’études. Ses propos n’arrivant pas à s’imposer dans l’opinion publique, celle-ci n’a pas atteint les 500 parrainages et s’est donc retirée de la campagne électorale le 2 mars.

Jean-Luc Mélenchon, déjà candidat aux élections de 2017 (ayant atteint 19% des voix) et de 2012, promeut le concept de « créolisation », opposé à la théorie du « grand remplacement » qu’affectionne Éric Zemmour. Cette idéologie stipule que lorsque plusieurs peuples viennent à se croiser, ceux-ci se syncrétisent et s’enrichissent, ce qui témoigne donc d’une vision plus optimiste que celle de son opposant d’extrême droite sur le point de vue de l’immigration. Mais le plus grand projet de son programme reste l’instauration d’une VIe République, dans laquelle plus de pouvoir serait accordé aux citoyens à l’aide de la création d’une nouvelle Assemblée Nationale vide de toute corruption et en s’éloignant d’une « monarchie présidentielle » caractérisée par un président possédant trop de pouvoir, un phénomène renforcé selon lui durant le mandat d’Emmanuel Macron.

Toujours à gauche, deux représentants de partis classiques en forte baisse d’attraction sont Anne Hidalgo, maire de Paris et membre du Parti Socialiste s’étant démarquée par ses idéaux écologistes et Fabien Roussel, candidat du Parti communiste français, au discours généreux et optimiste.

Enfin, Yannick Jadot, candidat du parti Europe Écologie Les Verts, a pour ambition de construire une société basée sur la protection de l’environnement pour lutter contre le changement climatique. Un exemple de projet proposé par celui-ci est l’instauration d’un impôt sur la fortune (ISF) dont le taux est défini en fonction de l’engagement des patrimoines dans la transition climatique.

La crainte d’une abstention importante

Cependant, les élections présidentielles de 2022 font face à un fort taux d’abstention pressenti : quasiment 25%. La scène politique semble lointaine et est donc source d’indécision pour de nombreux électeurs français. N’être satisfait d’aucun candidat au point de préférer ne pas voter est une conclusion dramatique et témoigne de la difficulté de convaincre de ceux-ci.

Une montée des extrêmes sur la scène politique est également visible depuis quelques années, avec Éric Zemmour comme principal exemple de cette ascension rapide et Jean-Luc Mélenchon ainsi que Fabien Roussel en tant que représentants principaux de l’opposition du côté de l’extrême gauche.

Emmanuel Macron semble donc être le potentiel « choix par défaut » des Français, bien qu’il ne se soit officiellement présenté que le 3 mars et n’a donc pas encore de programme. En effet, celui-ci est considéré comme l’homme du compromis face aux extrêmes et « le moins pire » des candidats pour certains électeurs. C’est ce phénomène qui a en partie conduit à son élection lors du second tour de la présidentielle de 2017 face à Marine Le Pen, qui représentait à l’époque la quintessence de l’extrême droite française.

Ce schéma serait donc susceptible de se reproduire en 2022, avec rappelons-le, Emmanuel Macron en tête des suffrages estimés suivi par Marine Le Pen ainsi qu’Éric Zemmour la talonnant quelques pourcents derrière.

On peut également observer un phénomène de désintéressement : les Français ont désormais tendance à voter pour un candidat plutôt que pour un parti. En effet, les partis traditionnels tels que Les Républicains, le Parti Socialiste ou Les Verts subissent une forte baisse d’attraction, tandis que certains candidats tels qu’Éric Zemmour ou Emmanuel Macron ont lancé le leur en freelance et sont pourtant sur le devant de la scène.

Des projets et des idées

De nombreux candidats, de droite comme de gauche, possèdent certains projets en commun dans leur programme. Par exemple, l’augmentation des effectifs de police est une idée partagée par Jean-Luc Mélenchon aussi bien que par Marine Le Pen, Éric Zemmour, Fabien Roussel ou Anne Hidalgo. L’instauration d’un septennat pour remplacer l’actuel quinquennat présidentiel est aussi une idée auquel adhèrent à la fois Yannick Jadot mais aussi Marine Le Pen. Tous les candidats s’opposent également au concept de passe vaccinal, qu’ils veulent supprimer car jugé liberticide. Cependant, beaucoup de représentants de gauche proposent de diminuer les heures de travail des salariés français, en passant de 35 à 32 heures par semaine. La quasi-totalité des candidats s’accordent également pour revaloriser les bas salaires et notamment le SMIC, que tous proposent d’augmenter de 200 à 800€ supplémentaires par mois (une valeur variant en fonction des candidats).

Dans le domaine du nucléaire, droite et gauche sont divisées : tandis que Valérie Pécresse, Marine Le Pen et Éric Zemmour sont tous en faveur de la construction de nouveaux réacteurs (allant de 3 pour la représentante des Républicains à 12 pour le leader du parti Reconquête), la gauche s’accorde à dire que la transition de cette énergie vers d’autres moyens plus propres doit être faite. Ce désaccord est également présent sur le sujet de l’énergie éolienne : la gauche est en faveur de son développement tandis que la droite souhaite son arrêt, car trop coûteuse comparée à ses bénéfices.

Malgré cela, quasiment tous les candidats s’engagent pour diminuer l’émission de CO2 (Yannick Jadot, Fabien Roussel et Valérie Pécresse souhaitent même atteindre la neutralité carbone d’ici 2050) et sont pour l’amélioration de la qualité de l’alimentation à travers la favorisation de produits de provenance majoritairement française et d’agriculture biologique.

Mais aujourd’hui, la campagne électorale est quelque peu perturbée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie ayant débuté le 24 février. La réaction de la France face à ce conflit est désormais devenue une problématique nouvelle s’imposant dans le programme des candidats, en déstabilisant également certains d’entre eux ayant eu tendance à sous-estimer la menace de l’ambition du président Poutine.

Cependant, il est difficile de savoir à l’heure actuelle si le dénouement des élections sera affecté par cet évènement crucial dans l’histoire du 21e siècle. Toujours est-il que celles-ci représenteront un tournant majeur pour le futur de l’Europe, et seront suivies avec attention dans le monde entier.

Lucas Micolier / S6L1FRD / EEB1 Uccle

Sources : Le Monde, Le Télégramme, Wikipedia, Mélenchon2022.fr

2 pensées sur “Élections présidentielles françaises de 2022 : À quoi faut-il s’attendre ?

  • 21 mars 2022 à 22 h 23 min
    Permalink

    merci pour cet article, ça aide d’avoir une source d’informations condensée, bien résumée et objective des candidats aux élections!!

    Répondre
  • 26 avril 2022 à 10 h 10 min
    Permalink

    Cet article est ma foi très intéréssant , j’ai apprécie le lire , les informations y sont complètes et nous aide énormement a comprendre la globalité de cette élécion francaises 2022. Je Félicite Lucas Micolier pour cet article bien réussi.

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.