Profiter de la mélodie

L’élu des âmes 

De tous les assombrissements des espaces, 

Seule ma flamme demeurait 

Simplement nourrie par la soif d’échapper. 

Je m’en voulais d’ainsi transcender 

Le calme dominant 

Alors que j’étais soumis à sa tyrannie. 

Faiblesse infinie 

Qui me poussait dans cet infâme brouillard 

Aux infimes infligeances 

Qui piquaient même les cœurs plus solides 

S’y brisaient comme du verre fin 

Et y demeuraient telle une lumière 

Sans désir de partir. 

Puissante déplaisance 

Ma voix pendait du toit 

Et manquait de s’envoler 

Aux grés du Vent. 

Mon corps marchait près des maisons et manquait de basculer 

Rattrapé par les bras du Vent. 

Mes yeux ébahissaient les terreurs des caves 

Et manquaient de se tuer 

Accompagnés par la froideur des courants d’air. 

Mon esprit cherchait de la sècheresse 

Quand le vent me noyait 

De la pluie d’un orage. 

Les choses étaient contradictoires, 

Sauveur ? Tueur ? 

Il faut y penser, en laissant le soir de côté, 

Car le soir il faut dormir 

Et à l’abri du Vent. 

Mélancolie de deux mains 

Tiens, tends-moi la main 

Je veux t’offrir quelque chose 

Un petit quelque chose 

Anecdotique sûrement 

Mais qui me tient à cœur 

Et qui, certainement, 

Fera de même pour toi en cette heure. 

Ce matin, cette main 

Que tu me donnes aveuglément 

Au péril de toi ta vie ton temps 

Recevra un peu de moi 

Une sorte d’âme de poche qui t’aimera. 

Je me dois de te laisser 

Remercie-moi en temps occasionné 

S’il vient seulement 

D’ici là, que le hasard guide ton destin. 

Profite de ce présent, rêves-en 

Et garde-le dans ton âme de gamin. 

Balade Nocturne 

Une silhouette marche 

Assombrie par les lampes 

Qui éclairent les pavés 

Encore humides de la dernière pluie. 

Elle n’est pas seule  

Mais bientôt elle le sera 

Les talons claquent le sol 

L’écrasent comme s’il pouvait absorber tous les chocs. 

Une silhouette marche 

Suivie d’une autre. 

Celle en tête ferme les yeux 

Comme pour profiter de la mélodie 

Du silence 

Et oublier les fracas de sa filature. 

Les deux ombres s’arrêtent  

Au pied d’un lampadaire 

Entre la route et la parcelle de gazon 

Qui tremble au vent de froid d’effroi. 

Quelques mètres séparent 

Les deux silhouettes désormais l’une en face  

De l’autre 

Les bras tendus ouverts 

La larme aux yeux 

Toujours fermés. 

Un élan de courage 

Fait courir la première des deux silhouettes 

Vers l’autre 

Qui demeure immobile 

Les yeux asséchés par les courants d’air 

Et la fixation infinie. 

La lampe s’éteint, les pavés sont secs 

À l’exception d’une flaque de pleurs 

Le sol est silencieux :  

Il n’a finalement pas absorbé le choc 

D’une telle émotion. 

Il fait froid. 

Antonin Ritzenthaler / S6FRC / EEB1 Uccle 

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