La Walkyrie à la Monnaie : un spectacle grandiose

Depuis octobre 2023, la Monnaie accueille la nouvelle production du célèbre metteur en scène Romeo Castelluci qui s’écoulera sur la saison 2023/2024. Ce projet n’est nulle autre que la tétralogie de Wagner, une œuvre pharaonique qui comprend 4 opéras : L’or du Rhin, La Walkyrie, Sigfried et le Crépuscule des dieux. Avec plus de 14h de musique cumulée, le projet est ambitieux. C’est donc tout naturellement que ce projet peu commun en Belgique a éveillé la curiosité. L’or du Rhin passé en novembre, c’était au tour de la Walkyrie ce mois-ci d’être révélé et ce fut à l’image de son prédécesseur un franc succès!

Un projet ambitieux

La tétralogie, aussi appelé le Ring, est l’œuvre la plus importante de Wagner à laquelle il a consacré 27 années de sa vie. L’œuvre est divisée en 4 opéras. Fortement inspiré de la mythologie nordique et germanique, le Ring est une grande épopée mêlant dieux, hommes et géants qui tous s’affrontent pour récupérer un anneau maudit, symbole du pouvoir. Une œuvre aussi bien riche en symbolique qu’en airs marquants, comme la fameuse chevauchée des Walkyries rendue culte par son usage dans le film Apocalypse Now.

L’une des particularités du Ring et de Wagner en général est l’usage qu’il fait dans sa musique de thèmes récurrents (ou leitmotivs) qui symbolisent les différents personnages, objets et émotions. C’est l’association de ces différents leitmotivs qui crée une grande harmonie et une cohérence au sein de l’œuvre.

La Walkyrie, un opéra très humain

Si l’Or du Rhin se concentre sur la création et l’enlèvement de l’anneau par les dieux, la Walkyrie est déjà plus axée sur les hommes.

L’on y découvre un vagabond (Siegmund) affaibli par une tempête, qui vient trouver refuge dans une maison. Il y rencontre une femme (Sieglingd) et son mari (Hunding) qui lui offrent l’hospitalité. Cependant, Hunding réalise que Siegmund est un ennemi de son clan et donc qu’ils devront se battre. Entre temps, Siegmund et Sieglingd discutent et découvrent qu’ils sont en réalité frères et sœurs. Ils se découvrent aussi un amour l’un pour l’autre (oui, inceste). A l’approche du combat avec Hunding, Siegmund réclame une épée à leur père qui n’est nul autre que Wotan le chef des dieux. Mais à l’approche du combat, pour expier ses infidélités, Wotan est contraint par sa femme d’abandonner et tuer son fils et sa fille. C’est ainsi que lors de l’affrontement final, Wotan brise l’épée de Siegmund le laissant donc à la merci de Hunding. Aussi menacée par Wotan, Sieglingd tombée enceinte, est sauvée par une Walkyrie (Brunhild) qui, prise d’affection pour Siegmund, la sauve et la cache de Wotan. Wotan furieux punit Brunhild et lors d’une scène des plus fortes du Ring l’emprisonne sur un rocher entouré de flammes dans un terrible adieu.

Une mise en scène magistrale

30 ans que la Monnaie n’avait plus accueilli une tétralogie. Cela est en partie dû à l’ampleur de la tâche. Mais l’ambitieux Romeo Castelluci s’y est frotté avec succès. Il opte pour un bon compromis entre mise en scène classique et moderne, et il en résulte une production originale pleine d’images à couper le souffle. Tout particulièrement lors de la scène finale où l’usage d’un grand voile blanc qui recouvre les acteurs transforme la scène en un grand tableau.

On note aussi la présence d’animaux sur scène comme lors de la chevauchée des Walkyries où la présence de véritables chevaux accentue le côté épique de la scène. La Walkyrie contenant des airs parmi les plus intenses, les chanteurs se devaient d’être en forme ce qu’ils furent avec brio a l’exception de Wotan un peu faible au début. Enfin, l’ambiance à la Monnaie et la beauté de la musique ont rendu cette expérience franchement très agréable aussi bien pour les yeux que pour les oreilles. Le thème général qui relie les productions reste encore à trouver. Peut-être est-ce les 4 éléments de la terre car si L’or du Rhin semblait se baser sur l’air, La Walkyrie regorge d’éléments rappelant la terre. Cette idée que chacun des 4 opéras représentera un élément est intéressante mais c’est encore trop tôt pour l’affirmer.

De bon augure pour l’avenir

Pour conclure, voir une production aussi bien faite et magistrale à la Monnaie, c’est très encourageant pour l’avenir. Le troisième volet de la saga, Sigfried, qui sort en septembre est déjà très attendu et suivra, on l’espère, la lignée des deux premiers opus.

Léopold Noël / S6FRB / EEB1 Uccle

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.