KARLSRUHESCENES ET SPECTACLES

Furcht und Elend des Dritten Reiches de Bertolt Brecht : si loin, si proche…!

La pièce de théâtre Furcht und Elend des Dritten Reiches a été écrite en 1938 par Bertolt Brecht. Il s’agit d’un théâtre politique dénonçant la terreur répandue parmi la population allemande par le régime nazi. Dans sa version originelle, la pièce comporte 24 scènes qui décrivent les différentes manières dont les diverses classes sociales sont affectées par la répression dans leur vie quotidienne. La pièce a été adaptée par le régisseur Timofey Kuljabin au Badisches Staatstheater. Il a choisi de ne mettre en scène que certaines situations pour le théâtre de Karlsruhe.

La pièce commence par une interview d’employés d’usine qui racontent les améliorations qui ont eu lieu à l’usine et la manière dont cela a optimisé leur vie au travail. Ceci fait référence à la propagande employée par les nazis ; les bonnes nouvelles du progrès dans le pays sont censées motiver les employés.

Une autre scène met en perspective la manière dont la liberté d’expression est réduite à néant. Les parents n’osent plus partager leur avis sur le régime, par peur que leur propre fils les dénonce aux jeunesses hitlériennes. Une autre scène montre un petit groupe de résistants qui veulent distribuer des affiches pour lutter contre l’idéologie nazie. Cependant, ils sont conscients que cela leur coûtera vie. Ils se décident, néanmoins, à mourir pour leur propre idéologie pour une Allemagne libre et juste.

La pauvreté de cette époque a été illustrée par la scène dans laquelle la jeune fille demande de l’argent à sa mère, qui n’en a pas assez pour lui en donner.

En outre, certaines scènes mettent en valeur la perversité de la guerre. Pour cela, Brecht met en scène une femme dont le frère a été tué par son propre pays, lors d’une chute en avion, pour éviter que celui-ci les dénonce à leurs adversaires. Il raconte également l’histoire d’une famille en deuil dont un membre est mort, enterré dans un cercueil en zinc pour éviter que la famille ne voie son corps et ne s’aperçoive à quel point la guerre est cruelle.

En outre, la mise en scène des derniers moments de la vie d’un homme reflète le rapport avec la religion que cultivait le peuple. La religion était le moyen utilisé par le pouvoir pour garder la population motivée à travailler rigoureusement. En revanche, une des dernières questions posées par cet homme étaient de savoir si les promesses d’une vie après la mort étaient vraies. Le moine refusa d’y répondre.

L’antisémitisme est également présenté à travers une scène nommée « La femme juive ». Cette femme, Celia, veut fuir l’Allemagne pour échapper au destin qui l’attend dans son pays et pour protéger l’avenir et la carrière de son amoureux, Max. Sous le régime totalitaire, six millions de personnes ont été tuées dans les camps de concentration.

La mise en scène est très importante. Le régisseur Kuljabin joue avec les sons et lumières pour transmettre au spectateur une ambiance plus pesante. L’alternance entre des décors, des costumes modernes et anciens reflète un parallélisme entre le dangereux pouvoir des idées nazies sur le peuple, de 1933 à 1945, mais aussi à notre époque. Le régisseur fait plus précisément allusion aux élections allemandes de 2024 où l’extrême droite a gagné énormément de popularité sur une très courte durée.

Pour conclure, la pièce de théâtre de Bertolt Brecht est une représentation précise des difficultés et souffrances qu’a dû subir le peuple allemand sous le régime totalitaire de Hitler. La mise en scène de Kuljabin n’est pas seulement un récit sur le passé, mais aussi un avertissement par rapport à l’instabilité politique actuelle.

Nous pouvons comparer cette œuvre au roman Die Blechtrommel de Günter Grass, qui dénonce l’atrocité de la guerre et la manière dont une grande partie de la population allemande a aveuglément suivi les idéologies nazies.

Madeline VIRNICH / S6fr / ESK

Crédit photos : Badisches Staatstheater Karlsruhe

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