Buchenwald : devoir de mémoire
Le 24 octobre 2017, les classes de S6 langue 2 français de l’école européenne de Bruxelles 1 ont visité le camp de concentration de Buchenwald. Quand nous sommes arrivés, les rires et la bonne humeur qui remplissaient le bus scolaire ont disparu et une couverture froide et solennelle s’est installée sur le groupe. Nous connaissons tous l’histoire. Nous savons tous ce qui s’est passé, certes. Mais pouvons-nous vraiment imaginer et nous immerger complètement dans ce qui, pour nous, n’est qu’un récit ?
Être jeté de force hors de sa maison et empilé dans un train avec des centaines d’autres prisonniers. Se dire : « Me voilà arrivé à ma fin » et ne pas avoir la volonté de se battre contre ce destin funeste. Arriver devant le grand portail en métal où sont gravés les mots sinistres « à chacun le sien » – si tu es là, c’est de ta propre faute, tu es le protagoniste de ta propre histoire. Se lever à cinq heures du matin tous les jours avec l’odeur de chair brûlée venant du crématoire, une odeur qui ne s’en ira jamais vraiment. Être envoyé dans la prison interne du camp, pour une raison ou une autre (peut-être pour avoir osé regarder un garde dans les yeux), dans un espace de cinq mètres carrés pour parfois six personnes. Ou bien rester en période de quarantaine dans le petit camp, celui où sont envoyés les invalides pour pourrir jusqu’à leur mort.
C’est à tout cela que je pensais en marchant sur le sol de l’ancien camp de concentration. Ce sol sur lequel tant d’autres ont marché avant moi. Le pire, ce sont les photos placées sur des plaques autour du camp. Celles-ci sont les plus marquantes. Elles transforment ce que nous voyons en une réalité à laquelle nous ne pouvions pas échapper. Une pile de cadavres à l’entrée du crématoire ; une montagne de cendres qui seront destinées aux familles des prisonniers décédés qui penseront avoir les restes de leur fils, mari, frère ; l’état des détenus quand ils ont été libérés: des cadavres vivants ; le plus jeune prisonnier de Buchenwald : 2 ans et demi.
Nous connaissions tous l’histoire avant, mais cette expérience nous en a rapprochés d’une manière que je ne croyais pas être possible. Maintenant nous pouvons commencer à essayer de comprendre et à nous représenter les horreurs qui nous sont racontés depuis tellement d’années.
Inès C. / S6FRL2 / Uccle
Vidéo sur le sort des prisonniers politiques