Traducteur : quelle évolution du métier en Europe ?
La traduction a évolué énormément en très peu de temps et continue à évoluer à une vitesse effrayante mais quelle est la réalité de ce métier ?
Quelques éléments historiques de la traduction
Dès le début des temps, la traduction a été la clé de la communication inter-humaine pour des raisons diverses (religieuses, échanges commerciaux, etc.). La première trace de traduction écrite a été trouvée en Mésopotamie en 3 200 avant la naissance de Jésus avec l’Épopée de Gilgamesh, un récit épique de la Mésopotamie, qui fait partie des œuvres littéraires les plus anciennes de l’humanité qui raconte les aventures de Gilgamesh, roi d’Uruk (une ville d’ancienne Mésopotamie situé au sud de l’Irak.). La nécessité de la traduction devint de plus en plus importante quand la religion commença à se répandre à travers le monde : nous avons eu le besoin de propager le mot et encourager la croyance. Afin de faire cela, il fallait que les textes religieux soient disponibles dans les différentes langues pour convaincre les gens de se convertir à cette religion.
La traduction moderne
Apres l’invention de l’imprimerie, la majorité des textes étaient écrits en latin et la plupart des personnes de pouvaient pas parler ou lire le latin. Après l’invention et la commercialisation de l’imprimerie, les textes pouvaient être traduits et imprimés beaucoup plus facilement et rapidement, donnant l’opportunité à beaucoup plus de personnes d’apprendre à lire (surtout les femmes qui jusqu’entre les XIIIe et XIVe, n’avaient pas le droit de fréquenter les cours à l’école). Suivant l’imprimerie, la traduction devint de plus en plus courante dans le monde occidental. Mais cela donnait au traducteur un contrôle sur ses lecteurs car il pouvait modifier le texte original en détournant le sens de l’auteur, car la traduction n’était pas très règlementée.
Le concept d’étudier la traduction est apparu dans les années 1950 et depuis les technologies n’ont pas arrêté d’évoluer et de changer. De Google Traduction à Linguee, la technologie se développe et va continuer à évoluer mais jusqu’où cela va-t-il aller ?
Les nouvelles technologies de traduction dans l’UE
De nos jours, dans les institutions européennes en particulier, tout le monde a le droit de parler sa propre langue et d’êtres compris par tous (grâce à des traducteurs ou des interprètes). C’est pour cela que tous les documents officiels qui sortent ou rentrent des institutions doivent être traduits dans les 24 langues officielles de l’Union Européenne. Pour cela, des centaines de traducteurs sont employés dans les institutions européennes afin d’aider 500 millions d’Européens des 28 pays à comprendre les stratégies politiques, culturelles et économiques. Mais aurons-nous vraiment besoin à l’avenir d’employer toutes ces personnes pour accomplir le travail que quelques ordinateurs pourraient faire en beaucoup moins de temps et à moindres frais ?
Voici l’opinion à ce sujet de Mme. Una O’CONNOR, contrôleuse de qualité dans la section irlandaise de traduction au Conseil Européen. Les nouvelles technologies peuvent-elles vraiment remplacer les humains ?
En quoi consiste votre activité de contrôleuse de qualité dans la section irlandaise du conseil Européen ?
U.O: Je suis contrôleuse de qualité dans une unité linguistique au sein du service linguistique du secrétariat général du Conseil de l’Union Européenne. Notre action consiste à assurer le bon fonctionnement du multilinguisme. Avec ses 24 langues officielles, le Conseil Européen est l’organisation la plus multilingue du monde. Ce multilinguisme représente aussi un défi majeur. Au service linguistique, nous assurons des traductions de haute qualité et le bon fonctionnement du multilinguisme, donc nous traduisons des documents politiques et législatifs.
C’est quoi le Conseil Européen ?
Je travaille au secrétariat général et nous sommes au service de deux institutions différentes : le Conseil Européen et le Conseil de l’Union Européenne. Ce sont deux institutions distinctes mais étroitement liées. Le Conseil Européen définit les orientations politiques générales de l’Union tandis que le Conseil de l’Union Européenne exerce des responsabilités législatives et budgétaires
Combien de personnes travaillent dans votre unité et recevez-vous beaucoup de documents à traduire ?
Nous sommes à peu près 3 000 fonctionnaires à travailler pour le secrétariat général, donc 1 000 sont employés par le service linguistique. Nous fournissons, dans les 24 langues officielles, des traductions des principaux documents politiques et des tous les documents législatifs. Nous rencontrons des périodes de creux et d’autres de pointe. Par exemple, quand il y a des réunions de chefs d’états ou de gouvernement, il y a une permanence la nuit et nous avons beaucoup de documents à traduire. Une unité linguistique se compose normalement de 24 traducteurs/traductrices et 4 à 6 assistant.e.s. Chaque unité possède sa propre équipe d’encadrement composée d’un/une chef d’unité, d’un/une contrôleuse de qualité, d’un/une gestionnaire de ressource et d’un coordinateur ou coordinatrice.
Pensez-vous qu’il faut vraiment traduire tous les documents dans toutes les langues ?
Une des bases de l’union Européenne est le règlement 1 qui 1 établit qu’il y a 24 langues officielles et que les textes adressés aux institutions par un état membre ou une personne doivent être rédigés dans au moins une des 24 langues officielles et que la réponse soit rédigée dans la même langue. Cela veut dire que chaque personne peut s’adresser aux institutions dans sa langues maternelle (si elle fait partie des 24 langues officielles). Ce règlement prévoit aussi que les textes des institutions aux états membre, à un état ou à une personne sont rédigés dans la/les langue(s) officielle(s) de l’état membre. Ce règlement accorde le même statut à toutes les langues officielles de l’union européenne et c’est un principe qui tient vraiment à cœur tous les pays membres.
Recevez-vous beaucoup d’aide informatique dans votre tâche ?
Le métier et le travail des traducteur/traductrice a fort changé dans les 20 dernières années. Quand quelques-un de mes collègues ont commencé à travailler au Conseil, il y avait des secrétaires auxquelles les traducteurs dictaient les textes et qui tapaient à la machine. Ensuite, les ordinateurs sont apparus et maintenant on parle de traduction 100% électronique donc oui la technologie nous aide beaucoup pour trouver des références, des mots et cela nous permet de travailler beaucoup plus facilement et efficacement.
Que pensez-vous de l’efficacité des programmes ?
Je pense que les programmes changent tous les jours, que les programmes deviennent de plus en plus efficaces et précis et c’est un développement qui est difficile à suivre. Même si la plupart des programmes sont très efficaces, il y a quand même des erreurs. Par exemple : « the exportation of arms » (l’exportation des armes) se traduit en » exportatión de brazo »(l’exportation des bras).
Pensez-vous que les nouvelles technologies replaceront un jour votre activité et vos capacités de travail ?
Cela dépendra des décisions des états membres de remplacer, ou pas, les traducteurs par les nouvelles technologies. Je ne pense pas que les nouvelles technologies replaceront complètement les traducteurs mais je pense qu’il y aura moins de traducteurs. Les unités linguistiques seront plus petites mais il y aura toujours besoin d’humains et les machines nous permettront sûrement de travailler avec plus de rapidité et d’efficacité.
Caitlin O’Connor / S5FRB / EEB1 Uccle