Thaïlande : protégeons les éléphants
La culture des mahouts perdure en Thaïlande depuis des siècles. Ces dresseurs d’éléphants, qui amadouent les touristes pour les rassurer, n’ont pas l’air aussi pacifiques lorsqu’ils pratiquent leur métier à l’abri des regards. Maltraitance, tyrannie, ça n’en finit pas. Beaucoup d’éléphants subissent des séquelles irréversibles.
Le métier de mahout se transmet de père en fils. Depuis leur naissance, ils sont élevés dans un environnement où les éléphants sont exploités. Les pratiques qu’ils utilisent contre eux leurs paraissent donc tout à fait naturelles et acceptables.
Le dressage
Les dresseurs capturent les éléphanteaux très jeunes en les arrachant à leur mère. Ensuite, ils les dressent à être vulnérables face à l’homme. Toute leçon passe par la douleur. Les mahouts utilisent un objet que l’on appelle le bullhook, une sorte de pic pointu.
Le bullhook sert à diriger l’éléphant et l’obliger à faire certains numéros sous la pression et les coups de l’objet.
Cette pratique est très douloureuse pour l’animal, cela lui laisse des cicatrices terribles. Normalement, ce ne sont que des petits coups au niveau des parties sensibles de l’éléphant, comme les oreilles. Mais parfois, cela peut être très violent et le mahout frappe la tête avec l’outil jusqu’à ce que l’animal soit en sang, ou qu’il puisse même s’effondrer sous le coup de la douleur. Beaucoup d’éléphanteaux ont perdu la vie à cause de cette pratique sanguinaire.
Des animaux donnés en spectacle
Quand l’éléphant est dressé, il est envoyé sous les projecteurs, accompagné des applaudissements du public. Là, l’éléphant fait des tours et des numéros complètement ridicules comme jouer au football, peindre des toiles avec sa trompe, ou encore faire des acrobaties. Ce genre de numéros est très mauvais pour les articulations des éléphants. Certains deviennent aveugles à cause de la lumière des projecteurs ou le flash des téléphones.
Dans d’autres cas, les éléphants servent de moyen de transport pour les touristes, pour des balades. L’animal porte très souvent plus de poids qu’il ne peut supporter, durant un temps considérablement long, ce qui l’épuise tout autant. Certains ont déjà succombé à cause de la température qui peut atteindre 40°. Quand l’animal regagne son abri, ses deux pattes avant sont enchainées ensemble, ce qui l’immobilise complètement. Il reste dans cette position jusqu’au lendemain matin, puis il reprend le travail.
Amadouer les touristes
Le nombre de touristes qui s’inquiètent pour la santé de l’animal qu’ils observent ou qu’ils montent augmente heureusement de plus en plus. Mais les mahouts ont tout prévu à l’avance. Dans beaucoup de cirques et de safaris, des pancartes sont affichées à l’entrée où des informations expliquent comment les éléphants sont dressés, et que le bullhook ne sert qu’en extrême urgence pour la sécurité. Dans la plupart des cas, ce n’est pas la vérité. Les mahouts racontent cela pour ne pas perdre leurs clients, et cela marche à merveille. Les touristes trompés par les dresseurs sont très nombreux.
Sauver les éléphants
Malgré ces mentalités désireuses de conserver la tradition, il y a tout de même des Thaïlandais, dont la famille est ou a été mahout, qui respectent les éléphants et qui les sauvent des cirques puis les réhabituent à la nature. C’est le cas de Sangdeaun Lek Chailert, une grande militante thaïlandaise qui lutte pour la liberté des éléphants. Elle a été reniée par sa famille depuis qu’elle est partie il y a 20 ans pour créer son association (Save Éléphant Fondation). Dans son centre, elle recueille des éléphants retraités et essaye de récupérer le plus d’éléphants possible auprès des cirques qui n’en veulent plus. Elle les soigne et les réhabitue à la vie sauvage. Ils ne sont ni enchainés, ni tapés au bullhook. D’ailleurs, elle accueille dans son centre des touristes qui peuvent observer les éléphants, mais il est interdit de toucher ou de monter sur les animaux.
Comment faire pour les sauver à notre tour ?
Les mahouts n’arrêteront probablement pas leur pratique d’eux-mêmes, car le gouvernement encourage cette tradition et la mentalité d’une personne qui est née avec ce genre d’éducation est très difficile à changer. Le seul moyen de pouvoir faire changer les choses serait que les touristes choisissent des activités qui respectent les éléphants, comme le centre de Sangdeaun Lek Chailert. Si les mahouts deviennent impopulaires, ils devront forcément trouver une autre manière de continuer leur business.
Camille Bourcieu / S3FRC / EEB1 Uccle
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