« Captain fantastic », le film qui a remis en question la société d’aujourd’hui
Paru en 2016, le nouveau long-métrage de Matt Ross étonne le public et fait réfléchir ses auditeurs. Il s’agit d’un film unique, touchant et sensationnel.Mais quelles sont ses caractéristiques qui le différencient du reste de l’univers cinématographique ?
Une famille isolée du monde
Dans un cadre idyllique des profondes forêts américaines, un père de famille tente d’élever ses 6 enfants avec des principes originaux, les préservant de la société et les unissant à la nature en leur apprenant à la respecter. D’une part, les enfants apprennent la chasse, l’escalade, et la survie sans outils considérés indispensable à l’humain aujourd’hui. D’autre part, ils reçoivent une éducation littéraire, encadrée par la philosophie et la culture générale, ainsi que des enseignements scientifiques. Les enfants apprennent à avoir un esprit critique et à s’intéresser à la politique à travers l’Histoire.
Mais un jour, un évènement vient perturber le quotidien de cette grande famille : la mère des 6 enfants, qui avait dû être séparée de sa famille depuis plusieurs années en raison de problèmes médicaux, décède après plusieurs mois de séjour à l’hôpital, et son enterrement aura lieu dans sa ville natale. Le père fait face à une situation compliquée : il va devoir affronter le monde extérieur, la société de consommation et la modernité avec ses enfants élevés dans un milieu très isolé.
La famille entre dans une aventure émouvante et surprenante qui souligne les genres auxquels le film est associé, le drame et la comédie.
Un film à juste titre récompensé
Le casting du film met en avant l’acteur Viggo Mortensen (jouant Ben, le père), connu pour sa déjà grande carrière et en particulier pour son rôle d’Aragorn dans « Le Seigneur des anneaux ». Il est accompagné de George Mackay (jouant Bo, un des enfants), un acteur anglais qui par la suite enchaîna de nombreux films jusqu’à aujourd’hui. Les 5 autres enfants sont joués par Annalise Basso (Vespyr), Samantha Isler (Kielyr), Nicholas Hamilton (Rellian), Shree Crooks (Zaja) et Charlie Shotwell (Nai).
« Captain fantastic » a eu son lot de récompenses en matière de nominations. Aux oscars, Viggo Mortensen fut nominé en tant que meilleur acteur et le film a reçu 15 prix et 50 nominations au total, ce que l’on peut considérer comme un ensemble bien mérité.
Un message profond
Peut-on couper ses enfants du monde pour leur donner une éducation parfaite ? Voilà la question principale que pose le film. « Captain fantastic » est un film riche sur le plan pédagogique. Tout au long de l’histoire, Ben, le père de la famille Cash, encadre ses enfants de manière créative et intéressante. Le mode de vie écologique et hippie accompagné de l’utopie éducative auquel le père s’adonne paraît idyllique.
Toutefois, malgré les valeurs remarquables transmises par Ben à ses enfants, comme l’absence de tabou dans l’éducation (en particulier sur la sexualité) et la glorification de l’égalité et du respect, un dilemme s’impose concernant la volonté de chaque enfant de se forger une identité. Il s’avère nécessaire, pour les enfants, d’être confrontés à des avis contraires aux leurs, et les trouver dans les livres ne leur suffit plus. Pour se construire en tant que personnes, ils ont besoin de comprendre des comportements et des façons de philosopher complètement opposées aux leurs.
Le but du père est de faire de ses enfants des « philosophes-rois ». Mais leur socialisation est imparfaite, parce qu’elle est unilatérale. L’absence de contact avec des groupes différents s’avère peu à peu une souffrance pour les enfants. L’aîné de la famille affirme d’ailleurs qu’« à part ce qui est dans les livres, [il] ne [sait] rien de la vie ».
Une reconnexion difficile avec la société
Le long périple dans lequel la famille Cash se retrouve permet aux 6 enfants d’observer le monde extérieur et de rencontrer de nouvelles personnes. L’aventure leur donne aussi l’occasion de confronter deux mondes : d’un côté, les enfants Cash, extrêmement instruits mais inadaptés à la vie en société, et de l’autre, leurs cousins, élevés de manière plus traditionnelle et obsédés par la technologie qui les entoure.
Le fait que la famille Cash doive à nouveau renouer avec l’urbanisme montre toutes les erreurs de la société auxquelles, par chance, les 6 enfants ont pu échapper. Malgré la vie repoussante dans laquelle les enfants auraient pu grandir et qu’heureusement ils ont pu éviter, nous observons que leur manque de sociabilité et de socialisation avec le monde extérieur a sérieusement impacté leur capacité d’interaction.
Alors, malgré les aspects utopiques de l’éducation introduite par le père de famille, nous comprenons que ses méthodes ne correspondent pas entièrement à l’aspect de l’humain parfaitement éduqué socialement et accompli. Car finalement, existe-t-il vraiment une manière parfaite d’élever des enfants ?
Un film puissant
« Captain fantastic » est une réalisation cinématographique puissante car elle remet en question le mode de vie et les principes du spectateur. Avec un début marquant et déconcertant et une fin touchante, le film est un régal et est d’une douceur très agréable. C’est un film à ne pas rater pour ses remises en question existentielles et sa philosophie.
Camille Bourcieu / S5FRC / EEB1 Uccle