Film « Messagères de guerre » : les femmes noires en première ligne

Ce film américain, qui dure 2h07, a été réalisé par Tyler Perry en 2024 et les actrices principales sont Kerry Washington et Oprah Winfrey. En ligne sur Netflix, il s’agit d’une adaptation de l’article « Fighting a Two-Front War » de Kevin M. Hymel, relatant l’histoire du 6888ᵉ bataillon des centres postaux, un bataillon de femmes afro-américaines durant la Seconde Guerre mondiale. Au début, on suit une jeune fille, lycéenne normale, dont le meilleur ami (qui est juif) va être envoyé au front. Avant son départ, il lui avoue qu’il l’aime. Mais ensuite, elle ne va recevoir aucune lettre de sa part, ce qui va la surprendre, et plus tard elle va comprendre pourquoi (les lettres n’étaient pas triées ni envoyées par l’armée). Elle décide de s’enrôler dans l’armée dès qu’elle aura fini le lycée. Pendant la guerre, les fusils, les bombes et les avions sont essentiels pour la victoire, mais le moral des soldats est également fondamental. D’où la nécessité d’entretenir l’espoir en acheminant le courrier sur le front (ou l’inverse). Mais ces lettres et ces colis porteurs d’espoir sont perdus dans des entrepôts poussiéreux. Les hommes étant trop occupés par les combats, on va confier ce rôle aux femmes blanches, mais elles ne sont pas capables en 6 mois d’envoyer une seule lettre. Alors le président de l’époque donne l’ordre de confier cette tâche aux femmes noires. Certains hommes pensent que déjà les femmes blanches ne servent à rien alors, pour eux, les femmes noires sont encore pires. Mais, malgré les protestations, les femmes noires vont quand même être envoyées se charger des lettres en Angleterre et en France, et elles vont bien s’acquitter de leur tâche.
Une histoire vraie
Ce film relate l’histoire réelle de ces femmes héroïques dont le personnage principal est toujours en vie actuellement. Ainsi, bien que le scénario soit romancé et fictionnel, l’essentiel de l’histoire est vrai. A la fin du film, on voit d’ailleurs la femme qui a inspiré ce film parler de la fin de son histoire. Près de 17 millions de lettres ont été entassées dans ces entrepôts. 855 femmes ont fait partie du bataillon 6888. Cette initiative fait d’elles la première et la seule unité exclusivement féminine noire à avoir servi outre-Atlantique pendant la guerre. Certaines d’entre elles ont été décorées de l’European-African-Middle-Eastern Campaign Medal, de la Good Conduct Medal ou de la World War II Victory Medal.

Le racisme et le sexisme
Quand ces femmes arrivent aux entrepôts, elles sont confrontées à un milieu hostile. Leur simple présence suscite préjugés et tensions car cette époque est encore gangrenée par la ségrégation. Cette unité est dirigée par le Major Charity Adams Earley, première femme afro-américaine dans l’armée américaine. Les tâches qu’on leur a confiées semblent insurmontables, l’endroit où elles sont logées est glacial et mal éclairé, mais elles persévèrent. Elles arrivent à remettre l’endroit en bon état, chaque jour elles trient un millier de lettres et de colis. Et finalement, elles arrivent à faire l’impensable : en trois mois, elles arrivent à rétablir l’espoir des familles et des soldats. Dans le film, certains soldats vont les remercier.
Un film instructif
Ce film montre de l’amour, de l’espoir, mais aussi le sexisme et le racisme de l’époque. Je dirais que c’est instructif dans le sens où on découvre la différence entre 1945 et aujourd’hui : les droits des femmes sont mieux respectés, le racisme est mieux combattu même si, dans les deux cas, il y a et il y aura toujours des sexistes ou racistes et même si la lutte doit être poursuivie. Le respect, la capacité et l’intelligence des femmes sont mis en avant dans ce film. Donc il nous apprend le respect dû à chacun et chacune.
Euryale Carnel / S3FRE / EEB1 Uccle