L’Urbex, une source incontestable d’art et d’information ?

L’« Urbex » est une abréviation de l’anglais « Urban exploration » (en français « exploration urbaine »). C’est une pratique qui consiste à visiter des constructions (telles des manoirs, des villes entières comme Tchernobyl, par exemple) délaissées par l’homme pour diverses raisons. Les endroits sont très nombreux et se cachent le plus souvent dans des zones reculées ou isolées, comme en forêt ou dans les montagnes, avec peu de tourisme.

Une pratique dangereuse

C’est une activité assez controversée notamment au niveau de la liberté que certains pratiquants se donnent par rapport aux lieux qu’ils décident de visiter et aussi de la dégradation volontaire ou du vol des objets authentiques, mais aussi à cause de la dangerosité extrême à laquelle ils sont exposés. Il est évident que l’urbex peut être très dangereux à cause de l’âge des bâtiments ou des localisations d’autant plus qu’ils ne sont que rarement entretenus et donc que leur niveau de dégradation est souvent assez avancé.

Des problèmes de droit et de préparations

Il y a aussi des problèmes d’un point de vue juridique, car beaucoup des lieux prisés sont encore des propriétés privées ou alors au moins sous la surveillance de l’état. Cela peut engendrer des conséquences parfois non négligeables, comme 2 ans de prison et 30 000 euros d’amende pour « violation de propriété privée ». De plus, l’envers du décor nous est très peu montré. Tous les préparatifs sont bien trop souvent négligés puisqu’il est difficile de tout organiser, car n’oublions pas que cette activité, aussi intéressante soit-elle, reste très dangereuse et est déconseillée, la moindre erreur pouvant être fatale. C’est pour cela qu’il faut tout de même prendre beaucoup de temps pour avoir le maximum de précautions possibles : le trajet jusqu’au terrain voulu (qui peut prendre plusieurs heures voire plusieurs jours), le temps qu’il faut pour préparer le matériel nécessaire afin d’être en sécurité lors de la visite, les recherches des informations sur les lieux pour prendre les dispositions nécessaires, les passages difficiles, etc. Toutes ces raisons sont bonnes pour se demander finalement : mais pourquoi vouloir mettre autant de son temps et sa vie en danger pour quelques clichés ou quelques coups de crayons que l’on peut faire chez soi ?

Une activité prisée malgré tout

Évidemment, tous ces aspects négatifs ne sont pas suffisants pour les adeptes de cette pratique hors du commun, parce que, souvent, ce sont justement les risques qui poussent certains à aller admirer des endroits magnifiques où la nature a repris ses droits sur les constructions humaines et où l’inspiration ne manque pas. L’adrénaline et la recherche du danger constituent un aspect déterminant, au même titre que la sensibilité du pratiquant et sa passion pour le passé et les lieux abandonnés. On ne pourra jamais retirer à cette activité tous les bienfaits que les adeptes de cette pratique viennent y chercher en allant dans des lieux gorgés d’histoires, d’anecdotes, d’horreurs parfois, et bien sûr, de témoignages de vies anciennes pourtant si récentes.

Certaines « spécialités » de l’urbex sont ainsi notables. La cataphilie : c’est la pratique de faire des visites clandestines des anciennes carrières souterraines. Généralement, c’est une branche un peu plus « détachée » du monde extérieur car nous sommes coupés du soleil et de la vie en général. Elle est prisée par ceux qui aiment l’histoire, les frissons mais surtout ceux qui veulent se retrouver seuls.

La toiturophilie : c’est le fait de faire des balades sur les toits d’immeubles, de cathédrales ou d’églises. Elle est un peu plus pratiquée par ceux qui cherchent un peu de calme sans pour autant se détacher du monde et pour les adeptes de belles vues.

L’inspiration artistique qui en découle

En quoi l’urbex est-il une source d’art incontestable ? Cette dimension artistique existe grâce à la curiosité des visiteurs, illégaux en grande partie, qui les pousse à sauvegarder toutes les énergies émises sur place par l’intermédiaire d’un appareil photo, dans un tableau, un dessin voire un carnet.  De plus, la beauté de l’évolution des lieux abandonnés à travers le temps ajoute une touche formidable en esthétique, ce qui est une raison de plus pour les urbexeurs de chercher toujours plus loin.

Mais en plus d’être une voie d’inspiration artistique inhabituelle, l’urbex est aussi une source d’information exceptionnelle en termes de conservation de la mémoire, des situations et des décisions du passé. Car cela contribue à maintenir la force des récits d’autrefois malgré le fait que les bâtiments et les constructions en général soient éphémères, et forcément cela offre des choses à dire. Cela impacte également grandement la vision que certaines personnes peuvent avoir d’histoires particulières mais cela permet aussi de mieux se rendre compte de la réalité de situations historiques sous-cotées ou fantasmées.

Le débat autour de l’urbex

De nos jours, l’Urbex se répand de plus en plus à cause de nombreuses vidéos de personnes visitant des lieux désaffectés et de photos prises par des artistes sur de très beaux lieux. Ce qui créé débat car on peut dire que ça éduque autant qu’on peut dire que ça met en danger en donnant envie aux plus jeunes de reproduire ce qui est montré sans prendre les précautions nécessaires, ni considérer les risques qu’ils soient en termes de justice ou de blessures pouvant causer la mort. Oui, l’Urbex est une source incontestable de l’art, mais à quel prix ?

Antonin Ritzenthaler / S5FRC / Uccle EEB1

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