Voyage diplomatique à Tanger

C’est avec un grand regret mais en ayant également vécu une expérience inoubliable que notre groupe de « Bruxellois » quitte Tanger, après quatre jour d’intenses débats et de merveilleuses rencontres. C’est dans sa troisième édition mais première en présentiel que cette modélisation des Nations Unies organisée par le lycée français Regnault de Tanger (LERMUN) s’est tenue, théâtre de nombreuses discussions entre une soixantaine d’élèves. En tant qu’élèves de l’EEB1, nous avons eu la chance de pouvoir participer à un tel évènement, avec les « Tangérois », mais également avec des élèves du lycée français et de l’école espagnole de Rabat.

Déroulé de la modélisation :

Ce LERMUN 2023 s’est ouvert sous l’Assemblée Générale à 14h05 le mercredi 15 février, à la salle Beckett, une salle de conférences proche du lycée français Eugene Regnault de Tanger.

Après la cérémonie d’ouverture, les ambassadeurs de chaque délégation ont prononcé leurs discours exposant le point de vue de leur pays, lançant officiellement le début de cette modélisation. Les deux jours suivants ont donc été intenses en débats et négociations, chaque délégué.e œuvrant pour les intérêts de son pays et chaque comité recherchant activement des solutions à ses problématiques respectives.

Cette modélisation comportait six comités, chacun traitant d’un sujet différent : Le CS (Conseil de Sécurité) traitait de la crise du Sahel, le comité SPECPOL (Special Political and Decolonisation Comittee) des manières de réduire les impacts du néocolonialisme en Afrique, le CDH (Conseil des Droits Humains) des façons de garantir la sécurité alimentaire dans le monde, la COP (Conference of Parties) de comment empêcher les entreprises de s’affranchir des contraintes des lois environnementales internationales, l’ECOSOC (Conseil Economique et Social) de la façon de concilier croissance économique et le bien-être des populations, et enfin le CSH (Conseil de Securité Historique) de la crise des missiles de Cuba de 1962.

Pendant ces deux jours (jeudi et vendredi), chaque comité a donc dû discuter autour des thèmes mentionnés ci-dessus et travailler autour de résolutions, clauses et amendements, débattre autour de votes et procédures, plaidoiries et réquisitoires, pour finalement ne présenter qu’une résolution finale à l’Assemblée Générale pour qu’elle y soit votée. Cette Assemblée Générale s’est tenue le samedi matin à neuf heures trente au royal yacht club de Tanger, ensuite suivie de la cérémonie de clôture.

Et les Bruxellois dans tout ça ?

Première fois au Maroc pour beaucoup, et première fois hors de l’Europe pour certains, il est indéniable que ce voyage nous a tous marqués, que ce soit pour la beauté de cette ville marocaine, la gentillesse de nos familles d’accueil, la bonne humeur des Tangérois, ou le fait d’enfin vivre la formidable expérience d’une modélisation en présentiel, après ces deux années de confinement. Accompagnés de Mme Thomas et de Mr Nicolaïdis, notre petit groupe de vingt-cinq a passé quatre journées mémorables.

Lorsqu’on leur pose la question sur leur moment préféré du voyage, certains Bruxellois parlent bien sûr de la ville, s’extasiant sur “le ciel bleu pastel de Tanger” ou sur le fait qu’il y ait “des oranges dans les arbres”. Etant nombreux à ne jamais avoir posé pied en Afrique (ou au Maroc), et surtout venant de Bruxelles, où – nous le savons bien- il ne fait pas le meilleur temps en hiver, notre groupe a également bien profité du temps méditerranéen (de février, mais quand même) et de la vue sur la mer, qui paraissait si oubliée pour certains que se précipiter sur la plage lors de la fin de la cérémonie de clôture pour humer l’odeur des vagues semblait être la chose normale à faire.

D’autres ont aussi parlé de la balade en ville du samedi après-midi organisée par les élèves du lycée Regnault : “J’ai beaucoup aimé la visite de la ville. Ce qui était super c’était le contact avec nos “host”, le fait d’être avec des Marocains et qu’ils nous aient fait visiter la médina et la kasbah mais aussi les parties un peu moins connues, et du coup on était en immersion dans la vie marocaine, la vie tangéroise”. Une autre ajoute qu’elle a “adoré le concept des familles d’accueil” et que “c’était vraiment intéressant d’observer le mélange de cultures, c’était très enrichissant” et qu’elle a “beaucoup aimé cette immersion”. Tous (et moi-même) avons été ravis par l’accueil que nous avons reçu dans nos familles d’accueil respectives, et pouvons témoigner de la gentillesse et bonne humeur des Tangérois : ”Tout le monde était tellement sympa, j’ai parlé et rencontré beaucoup de personnes incroyables et j’en suis très reconnaissante”.

Quand a la modélisation, nous y avons tous aussi vécu des moments exceptionnels, aux côtés des trois autres écoles participantes. Certains parleront peut-être des croissants, pains au chocolat et jus de fruits exquis que l’on avait le privilège d’avoir chaque matin aux portes de nos salles de classe, mais d’autres parleront aussi de l’organisation remarquable présente tout au long de la modélisation et de la qualité des débats qui animaient chaque comité.

Il y en avait pour qui c’était la première fois en tant que délégué ; “C’était une expérience inoubliable, car c’était ma première modélisation, et j’ai beaucoup appris sur la situation économique et sociale du monde. C’était quatre jours très enrichissants, que ce soit par les recherches que j’ai dû faire ou parler devant un groupe de personnes que je ne connais pas (car je suis quelqu’un qui stresse très facilement). Bref, j’ai adoré.”. D’autres y ont participé en tant que “chair” (président de comité), aussi pour la première fois, et nous parlent des difficultés d’être président d’un comité dans une autre école et pays que le sien:   “C’était un peu difficile au début, surtout pour la communication car je n’avais pas toutes les informations puisqu’ils ont leur club de mun tous les mercredis… J’y ai été invité online quelques fois pour rafraichir les procédures, surtout qu’elles sont assez différentes de ce qu’on a au munuccle. Ils étaient tous très gentils et j’ai rapidement pu m’adapter, l’expérience était super !”. Pour d’autres, les s7, cette modélisation était aussi la clôture de plusieurs années d’aventures mun, et était l’occasion de s’investir un maximum et de sortir de ses zones de confort en tant que dernière modélisation. Notre petit groupe d’EEB1 eut aussi l’honneur d’avoir eu en son sein trois nominations de “meilleurs délégués”, attestant de leurs talents de rhétorique respectifs et leurs débats assidus.

Certains coups de théâtre majeurs rythmèrent aussi nos trois jours de débats, comme lorsque, au Conseil de Sécurité Historique, les Etats-Unis levèrent leur embargo sur Cuba douze secondes avant l’envoi fatidique de missiles nucléaires qui auraient causé une troisième guerre mondiale, bouleversant ainsi les relations Cuba-USA de tous les autres comités, ou le changement pour la sixième république Française. Au Specpol, comité traitant du néocolonialisme, une coalition entre pays développés finit par tomber d’accord avec les pays africains, après des débats houleux, sur le besoin de sanctionner toute intervention militaire extérieure en Afrique, chose un poil ironique dû au fait que cette coalition comportait les US et la France. Une rivalité entre la Russie et le Niger semblait être apparue dans quasiment chaque comité, d’autres délégués semblaient avoir une propension naturelle à se faire expulser, certaines alliances improbables se sont formées dans l’ombre pour manipuler d’autres pays, une résolution fut débattue pendant des heures au conseil de sécurité avant que la France mette son veto dessus à la dernière minute, ce qui provoqua l’incrédulité de tous…

Bref. Ce fut mouvementé dans chaque comité, et je pense que je peux affirmer au nom de tous que, pour une première modélisation en présenciel, ce fut exceptionnel, dans tous les sens du terme, que ce soit pour la sensation d’être tous réunis en costard chaque matin au pied des escaliers du lycée, le fait d’aller dans les autres comités pendant les pauses, former des alliances, défendre sa résolution devant un cercle de délégués attentifs, initier des amitiés avec des gens d’autres écoles, participer aux gages saugrenus de la gossip box d’autres comités, s’asseoir sur les bancs à l’ombre des arbres de la belle cour du lycée, se réunir avec sa délégation et trôner fièrement en dessous du drapeau de son pays, écouter le discours des ambassadeurs… Mais aussi le voyage en lui-même, avec les dîners avec les Tangérois, le temps chez nos familles d’accueil, la visite de la médina et de ses petites ruelles, le fait de se déplacer tous en groupe, d’avoir fait tant de rencontres, le thé marocain pris sur une terrasse surplombant la ville…

En conclusion, ce voyage fut toute une aventure, et notre groupe de Bruxellois n’attend plus que… LERMUN 2024!

Sara COUFFIGNAL / S6FRD / EEB1 Uccle

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