L’assemblée 2030 : un évènement indispensable pour la planète ? 

La 85e session de l’Assemblée générale des Nations Unies approche à grands pas. Elle débutera le 6 novembre et, tout comme les précédentes, se déroulera au siège principal de l’ONU à New York. Elle devrait porter une importance capitale aux questions environnementales, en raison de l’augmentation alarmante des crises climatiques ces dernières années.  

En effet, une quantité démesurée de nouvelles catastrophes naturelles ont affecté toute la surface du globe : la montée des eaux provoque des inondations massives (telles celles frappant l’Inde en 2028) et la disparition de milliers de kilomètres carrés de terre dans les zones côtières. Des îles du Pacifique ont été englouties et n’existent plus (Tuvalu, Marshall, Kiribati, Nauru et Tokelau). La hausse des températures a aggravé les sécheresses, accéléré la désertification de régions entières, par exemple toute l’Europe du Sud, et multiplié les méga-feux notamment ceux ayant affecté l’Australie et l’Amérique du Sud à plusieurs reprises. Ces évènements terrifiants sont quelques-uns parmi tant d’autres.  

Il faut s’alarmer également de la destruction quasi-totale des bassins forestiers de l’Amazonie et du Mékong, qui signifie la fin de deux des trois “poumons” de la planète, ce qui est absolument catastrophique. De plus, le « jour de dépassement », qui compare la consommation annuelle de l’humanité en ressources écologiques à la capacité de régénération de la Terre, a continué à arriver de plus en plus tôt (mi-juin en 2030, environ 3 jours plus tôt chaque année ces derniers 50 ans). Cet inquiétant recul souligne notre surconsommation des ressources naturelles et la rapidité avec laquelle nous dégradons la terre. Cette assemblée est donc à nouveau essentielle pour essayer d’inverser la tendance et mobiliser la communauté internationale autour d’actions ambitieuses et concrètes. 

La COP 35 doit parvenir à un accord 

La Conférence des Parties (COP) tiendra cette année sa 35ème conférence depuis sa création en 1995. Elle désigne la réunion annuelle durant laquelle 197 parties (196 Etats et l’Union Européenne) examinent les rapports du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), négocient et se mettent d’accord sur des objectifs communs de lutte contre le changement climatique, et notamment de réduction des émissions de gaz à effet de serre.  Elle a lieu dans une ville différente chaque année, selon un système de rotation des continents. Les COP rassemblent environ 30 000 participants, entre les délégations des 196 Etats, les entreprises, ONG, scientifiques, syndicats et médias du monde entier. 

L’importance de la COP grandit donc au fur et à mesure que le dérèglement climatique s’aggrave. Son organisation à New York cette année, durant l’Assemblée Générale des Nations Unies, vise à mettre tous les chefs d’État devant leurs responsabilités. 

Lilo Le Saux-Loudes, co-président de la COP 35, nous a expliqué durant un entretien que « la COP est cruciale car elle représente l’espoir. La potentielle porte de sortie à un problème qui dure depuis des décennies et qui ne va qu’en s’empirant. Un échec, et donc l’absence de compromis, mènerait inéluctablement à l’extinction de l’espèce humaine. En effet, maintenant que non seulement le palier des 2°C a officiellement été franchi, tout va se jouer entre les revendications climatiques et humaines des uns et la stabilité économique des autres ». Tout au long de l’interview, le co-président souligne à quel point cette conférence représente l’ultime opportunité de sauver l’humanité, et que parvenir à un accord est indispensable. Néanmoins, le bilan des 34 COP précédentes n’invite pas à l’optimisme. 

Divergences internationales, malgré l’urgence 

Parvenir à un accord entre tous les pays lors des COP précédentes s’est toujours révélé être un défi, en raison des intérêts divergents entre les pays et les visions antagonistes entre scientifiques, militants climatiques et représentants d’industries et groupes d’intérêt divers. A presque chaque round de négociations, la solidarité internationale s’est avérée faible, et les rares fois où un accord relativement ambitieux a pu être trouvé, son application a été défaillante.  

Les négociations se structurent habituellement autour d’une douzaine de coalitions regroupant différents pays. Il s’agit d’alliances politiques constituées sur la base d’intérêts communs, notamment les pays producteurs de pétrole (membres de l’OPEP) qui s’efforcent de retarder la fin des énergies fossiles, ou les pays en voie de développement, qui réclament une aide financière pour effectuer leur transition énergétique et lutter contre les effets d’un réchauffement largement provoqué par les émissions des pays développés. Ces derniers se divisent entre pays prêts à des objectifs ambitieux, comme la plupart des pays de l’Union européenne, et pays plus réticents à changer leur modèle économique comme les Etats-Unis. Le groupe des petits États des îles du Pacifique, lui, alerte en vain sur l’inexorable montée des eaux… 

Action des militants de ANV-COP21 à Paris, le 10 décembre 2020, pour dénoncer l’inaction climatique d’Emmanuel Macron.

L’accord de la COP 21 de Paris : avancée historique, mise en œuvre décevante                     

En signant l’accord de Paris lors de la COP 21 en 2015, les représentants des Etats s’étaient engagées à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre « nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5 °C ». L’Union européenne et 191 États, totalisant plus de 95 % des émissions l’ont ratifié ou y ont adhéré. Cette COP avait été un véritable succès. Pourtant, dans les années qui ont suivi, beaucoup de pays n’ont pas respecté leurs engagements, les émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2) n’ont pas diminué, et la température globale a continué à augmenter, dépassant les 2 degrés cette année. Si la COP 35 parvient à obtenir un nouvel accord ambitieux, il sera cette fois essentiel qu’il soit véritablement obligatoire et contraignant. En d’autres termes, les signataires ne respectant pas leurs engagements doivent rendre des comptes devant la communauté internationale. C’est la raison pour laquelle la création de la Cour Internationale de Justice Climatique est une avancée majeure.  

La CIJC, avancée majeure, sera-t-elle respectée ? 

Après des années de tractations, la Cour Internationale de Justice Climatique (CIJC) va officiellement démarrer lors de cette 85ème Assemblée. Celle-ci a pour mission de juger les responsables des « bombes climatiques » ou « bombes carbone » : les sites d’exploitation de gisements d’énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) qui constituent d’importantes sources de gaz à effet de serre. Il en existe près de 500 aujourd’hui, et empêchent l’atteinte des objectifs de lutte contre le dérèglement climatique. 

Mina Konaktchiev, une des trois nouvelles juges de la CIJC, nous explique que « la Cour Internationale de Justice Climatique est primordiale pour pouvoir sauver notre planète. En tant que juges, notre but sera d’écouter les avocats qui ont été convoqués par l’ordonnance ». Cette ordonnance, publiée en mars 2029, inclue la série des décisions prises par les trois juges qui présiderons la cour cette année. On y retrouve 13 pays et 4 entreprises ayant été accusés d’avoir commis des crimes environnementaux avec leurs bombes carbone. « Vers la fin de l’assemblée, nous allons devoir juger si les accusés sont vraiment en faute ou bien si les plaignants (qui sont 11 au total), n’ont pas eux aussi commis des actes bien plus graves. Pour pouvoir se défendre, ils auront droit à 10 témoins, 5 pour chaque partie, qui devront nous procurer des preuves leur étant favorables. » 

La CIJC, reconnue par tous les Etats Membres, suit le système de la Cour Pénale Internationale. Mais les déboires de la Cour Pénale Internationale lorsque ses jugements ont concerné des ressortissants de pays puissants, n’invite pas non plus à l’optimisme. Les Etats accepteront-ils les verdicts de la CIJC qui leur sont défavorables ? Respecteront-ils ses décisions ? 

Eva Couffignal Fajardo / S6FRE / EEB1 Uccle

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