Crise chez ONU-femmes : faire de 2023 l’année de dépatriarcatisation
Le 8 octobre, le second jour après l’ouverture officielle du Munuccle 2022, le comité ONU-Femmes avait déjà adopté 2 résolutions lorsque la présidente de l’Assemblée générale, Carolina de la Puente Ilieva, est intervenue pour interrompre les débats et informer les membres de ce comité de la survenue d’une « situation de crise ». Le sujet du débat : faire de 2023 l’année de la dépatriarcatisation. Le sujet correspond à l’objectif principal du comité : changer le regard sur les femmes, les hommes et le genre.
Le contexte de cette situation de crise : lors de la 77e Assemblée générale des Nations Unies, un courant issu du mouvement #MeToo, a conduit les dirigeants d’Amérique latine à parler d’une initiative de « révolution culturelle pour le dé-patriarcat » dans leurs pays respectifs. Des dirigeants tels que le président bolivien Luis Arce, le président libérien George Weah, le président mexicain Andrés Manuel López Obrador, le président chilien Gabriel Boric, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et quelques autres, ont soutenu ce mouvement et ont proposé que l’ONU fasse de 2023 l’année de la dépatriarcatisation. L’Union européenne a également exprimé son soutien à la cause. Cependant, quelques autres politiciens – le président brésilien Jair Bolsonaro, le président tunisien Kaïs Saïed et le président sud-africain Cyril Ramaphosa – se sont opposés à cette proposition; certains plus catégoriquement que d’autres.
Au cours des premières étapes du débat, les délégués ont eu le temps de rechercher la position de leur pays sur le sujet. Les avis exprimés ont été très contrastés. De nombreux pays ont exprimé leur désapprobation. La plupart provenaient du Moyen-Orient, d’Europe orientale et de certains pays d’Amérique latine. Certaines nations, bien que désireuses d’aller dans la voie de la modernité et l’innovation, hésitent à mettre les questions de l’égalité des sexes et des droits des femmes à l’agenda de leur gouvernement. D’autres pays ne peuvent s’engager sur le sujet car leur religion l’interdit, notamment dans le monde musulman. La loi coranique stipule que les hommes et les femmes ne peuvent être égaux que spirituellement. De nombreux pays ont fait référencé à ce code comme la raison principale pour ne pas agir. D’autre part, de nombreux pays ont approuvé ce sujet et ont exhorté les autres à revenir sur leur position.
Les délégués avaient une heure pour faire leurs alliances et rédiger leurs résolutions qui ont ensuite été présentées et mises au vote. Deux résolutions ont été présentées. Les deux ont été adoptés avec des modifications considérables de leur structure et de leurs clauses.
Les résolutions et le processus de vote
La première résolution a été rédigée par la Tunisie, l’Inde, la Hongrie, l’Indonésie, la Turquie, la Chine, la Russie et le Japon. Ses cosignataires étaient le Brésil, la Corée du Sud et l’Arabie saoudite. Cette résolution a été défendu principalement par le camp rétrograde. La résolution contenait sept clauses au total. Trois d’entre elles étaient des clauses introductives, les quatre autres des clauses principales. Les clauses introductives déclarent qu’ils (les pays) sont préoccupés par la question de l’égalité des sexes. Ils reconnaissent les conditions de chaque nation et leur position sur le sujet, et, en rédigeant la résolution, ont pris en compte la position plus ou moins ouverte de chaque pays sur cette question. Le résultat final était très éloigné de la proposition de départ. Ils expriment leurs encouragements aux États parties à réduire les stéréotypes de genre dans la société dès l’enfance ; à éliminer la discrimination fondée sur le sexe en donnant aux femmes le droit d’être éligibles à tous les organes publiquement élus ; de voter dans les organisations et associations étatiques et non étatiques concernées par la vie publique et politique du pays. La proposition fondamentale qui a été adoptée dans cette résolution est que l’accord pour le mariage n’est désormais possible qu’à partir de 18 ans.
La deuxième résolution a été rédigée par la plupart des membres du camp progressiste : Royaume-Uni, Espagne, Allemagne, Irlande, Belgique, États-Unis, Danemark, Chili, France, Argentine, Australie et Nigeria. La résolution contenait un total de onze clauses et bien d’autres sous-clauses. Cinq étaient des clauses introductives et six des clauses principales. Les clauses introductives de la résolution définissent le féminisme comme un mouvement qui appelle à l’égalité des droits sociaux, politiques, juridiques et économiques entre les femmes et les hommes ; indique que la participation des deux sexes est nécessaire au changement et que l’égalité des sexes est un droit humain fondamental. Elle déclare que l’éducation est l’un des piliers de la lutte pour l’égalité entre les hommes et les femmes, et une condition essentielle à la construction de l’équité sociale. Inclusive, la résolution appelle à l’élimination de la discrimination sexuelle sur le lieu de travail et encourage un travail de valeur égale, la même quantité de travail et un salaire égal pour les hommes et les femmes. Garantir l’accès à la protection de la maternité, établir un congé de paternité suffisant, punir strictement le harcèlement sexuel et encourager l’éducation sexuelle à partir de 13 ans. Ils (les pays) appellent tous les gouvernements et partenaires sociaux à suivre et à contribuer activement à ce qui vient d’être dit.
Dans l’ensemble, ce fut un débat fructueux ou les deux seuls résolutions ont été adoptées. Une fois le débat terminé, la boîte à potins a été ouverte, et les délégués ont eu ainsi un moment de répit. Ils attendent avec impatience leur prochain sujet de débat et participent tous activement, on ne peut que le deviner, pour mériter le titre de « meilleur délégué ».
Lisa Banti / S7EN / EEB1