La Russie au MUNUCCLE, une puissance aux multiples visages
Suite à mes nombreuses participations à des modélisations comme le MUNUCCLE 2024, je me suis demandé à quel point un même pays peut agir différemment lors de débats selon son représentant. J’ai donc entrepris une sorte de suivi, approfondi dans la mesure du possible, sur un pays spécifique dans toutes les commissions, et j’ai étudié les multiples dynamiques des représentants de la Russie de cette année.
Un pays, neuf interprétations, toutes différentes les unes des autres
La Russie au MUNUCCLE, c’est la diversité. Malgré les différences entre les représentants, qu’il/elle soit seul.e ou en binôme au sein de la commission, quel que soit son genre ou son pays d’origine, le Grand Ours devrait rester le même. Pourtant, la diversité des représentants de ce même pays reflète celle présente dans la modélisation en général. Si les idéologies, les caractéristiques et la puissance de cet État sont les mêmes à travers les commissions, c’est l’interprétation du rôle qui marque la vraie différence, celle-ci entièrement du ressort des élèves qui ont endossé ce rôle. Cette diversité est la marque de fabrique des relations internationales où, selon la personnalité du délégué, un État peut forger des alliances bénéfiques ou, au contraire, créer des tensions inattendues.
Dans ce camaïeu de « Russie », les traces laissées par les délégations sont essentiellement les mêmes. Leurs différences se trouvent plus dans les détails. Prenons l’exemple des alliances forgées. Les collaborations entre toutes les « Russie » et les BRICS au sein de leur commission respective sont une quasi-évidence car, après tout, « qui se ressemble, s’assemble. » Même pour les alliances dites « inattendues », les représentants russes affirment toujours que ces ententes surprenantes faites avec d’autres pays se font toujours dans la poursuite d’intérêts communs. Dans ce cas-ci, ce sont les pays alliés qui changent selon le comité, passant de pays moins développés (comme le Nigeria ou la République démocratique du Congo) à des pays occidentaux (les États Unis, la Norvège ou l’Italie).
Une perfection impossible ?
De même, la prestance du délégué varie d’une commission à l’autre. Tandis que les « Russie » de l’OIT (Organisation Internationale du Travail) et du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) se démarquent pour leur interventions fréquentes et d’une assurance palpable, d’autres restent plus en retrait, peut-être par timidité ou par désintérêt des discussions en cours.
Enfin, durant les nombreuses interviews que j’ai réalisées, j’ai remarqué d’importantes nuances dans la perception par les délégués eux-mêmes de leur prestation en tant que « Russie », en particulier lorsqu’il a fallu négocier avec d’autres États. Certains, dubitatifs, disent « faire de [leur] mieux, bien qu’il reste un long chemin » vers un jeu d’acteur « parfait ». D’autres, plus optimistes, affirment qu’avec la quantité de recherche qu’ils ont effectuée lors du travail de préparation, ils sont arrivés à une représentation de la Russie la plus fidèle possible. Les derniers, les plus pessimistes, m’ont donc répondu qu’arriver à la perfection est tout bonnement impossible pour eux car leur point de vue est trop éloigné de celui du pays qu’ils incarnent.
Une réponse claire, nette et effrontée, à l’image de la politique de ce pays
Pour conclure, voici une réponse recueillie lors d’un entretien avec un délégué représentant la Russie qui, par sa franchise et sa singularité, vaut la peine d’être citée. A la question « Avec quels pays avez-vous fait des alliances au cours de ces débats et pourquoi ? », voici sa réponse (en anglais, la langue utilisée) :
“China and, surprisingly, the United States of America have been along my side during the whole time of the conference. I think the true aspect that brings us all together is the fact that we are all money-grubbers. We love money and we’ll do anything to keep it for ourselves.”
Hawa SY, Lycée français de Madrid
