Torun Bortz : my profession: journalist • mon métier : journaliste

MY PROFESSION: JOURNALIST: TORUN BORTZ • MON MÉTIER: JOURNALISTE: TORUN BORTZ 

During Project Week, we, the editors of EurscMag met up to participate in a workshop where we interviewed Torun Borzt, a swedish journalist. Here are her thoughts and experiences in journalism. 

Bonjour Torun, quel est votre parcours professionnel ? 

Je suis Suédoise, je vis dans le sud de la Suède. Je travaille comme journaliste à peu près depuis 30 ans.  J’étais très jeune quand j’ai décidé quel métier j’aimerais faire, j’avais 12 ans. J’ai intégré une école de journalisme à Stockholm, puis j’ai travaillé à la radio et la télévision, mais surtout dans la presse écrite, dans de petits journaux locaux puis de grands journaux régionaux. J’ai aussi travaillé pour l’agence de presse suédoise et pour différents journaux , pendant 13 ans. J’étais basée à Paris. J’étais ce-qu’on apelle un stringer, un correspondant freelance. Ensuite, je suis retournée en Suède. Et là, j’ai fait le même travail, mais à l’envers : en France, j’étais correspondante étrangère ; ici, je suis correspondante locale, dans un journal local régional, à Simrishamn. 

Selon vous, quelles sont les qualités pour devenir journaliste ? 

Premièrement, il est important d’aimer les gens. Il faut être curieux dans ce métier, aussi curieux d’apprendre. On ne doit pas avoir peur d’aller vers les personnes, mais en même temps cela s’apprend ! 

Quand on est journaliste, on est un peu comme un acteur, on joue un rôle. Dans ce m’étier, il est aussi très important de rester vigilant par rapport à toute info trouvée sur Internet, car les journalistes doivent rester objectifs. Même si on ne peut jamais trouver la « vérité absolue », il est important de chercher de bonnes sources et de laisser parler tout le monde. 

Il faut aussi aimer de raconter des histoires, mais pas forcément les écrire, car il y a la possibilité de travailler à la radio ou à la télé. 

Ensuite, il faut être assez rapide et savoir travailler sous la pression du temps. Mais on apprend cela aussi. 

On doit avoir l’envie de participer à la vie commune et d’améliorer le monde, en donnant des informations correctes. Le journalisme est surtout un travail démocratique. 

 

Combien de temps cela prend-il d’écrire et de préparer un article ? 

C’est difficile à dire, parce que cela change vraiment beaucoup : cela peut prendre vingt minutes… ou deux jours. Cela dépend vraiment de quoi il s’agit. Par exemple, ce matin, avant notre conversation, j’ai travaillé sur une info assez directe, sans trop de complications, sur une décision politique prise la semaine dernière dans la ville où je travaille. Donc j’avais à lire quelques documents, passer un coup de fil, poser quelques questions et tout à l’heure j’ai terminé l’article. Au total, cela m’a pris peut-être une heure. 

Mais d’autres articles peuvent réclamer beaucoup de préparation, quand il faut passer de nombreux appels téléphoniques et chercher de la documentation, il y a peut-être des questions auxquels les gens ne sont pas très intéressés à répondre, parce que c’est un sujet un peu sensible. Ça peut prendre beaucoup de temps. Il y a des articles sur lesquels on travaille quelques heures, puis on y retourne le jour après…  Donc ça varie beaucoup : il y a du travail de longue haleine il y a des choses qui vont très vite. Ça dépend mais ce qui est bien c’est d’avoir les deux. Avec que des histoires longues on se retrouve fatigué, mais que faire des choses rapides peut être aussi fatigant ou moins intéressant. 

 

Est-ce que vous faites parfois des reportages ou des enquêtes qui durent longtemps ? 

Malheureusement, de moins en moins. Parce qu’il y a une crise dans la presse, le personnel diminue tout le temps, il y a quelques années on avait que des reporters qui écrivaient. Maintenant moi j’écris, je prends mes photos, je fais du film sur le web, je fais la mise en page, je publie sur le net, donc on travaille sur beaucoup plus de support, qui prend beaucoup de temps. Malheureusement il y a de moins en moins de temps pour faire des enquêtes sur le fond.  

 

Ça veut dire que vous êtes devenue polyvalente ? 

Oui, j’aime bien, j’aime prendre des photos, par exemple. Donc ça ne me dérange pas. Mais il y a d’autres qui peut-être qui le trouvent un peu difficile.  

 

Est-ce qu’il y a de la censure, est-ce qu’il y a quelqu’un qui vous coupe des choses ? 

Non. Moi et ma collègue on lit toujours les articles de l’autre. Souvent on commente, on essaie d’améliorer nos textes mutuellement, mais il n’y a personne qui nous empêche à écrire certains choses.  

 

Est-ce que vous écrivez des articles tous les jours, il y a la pression de la presse, que vous devez finir vite ? 

Tous les jours. Le journal où je travaille est un journal de six jours par semaine, le dimanche il n’y a pas de journal. Moi et mon collègue chaque jour on doit remplir deux pages. Donc il faut écrire tous les jours.  

 

Est-ce que vous restez dans un thème ? 

Si on travaille dans un grand journal, par exemple une grande chaine de télévision, là on peut avoir une spécialisation. Mais dans un petit journal comme ceci il faut faire tout. Bon, nous écrivons sur tout sauf le sport, on a des journalistes spécialisés, heureusement. 

 

You said, that you write almost every day, but on the days where not much is happening, what would you write about? 

I have always things on my desk that I haven’t finished. So if something urgent happens, I put these aside. But on the days where nothing urgent happens, I can continue writing on this stuff. So it’s always a question of priorities. It is possible, that sometimes, my colleagues and I have finished our work and we have to rearrange an article. I never have a lack of work, there are always things to do. And also, we always have some articles in stock, if really nothing is happening. 

 

Have you ever had to cover a story that you felt strongly against and if so did you refuse to write it or did you write it anyway? 

I’m so fortunate that my colleagues and I choose ourselves what to write. It’s very rare that our boss tells us what to write, but it happens sometimes and it might sometimes be things that I don’t find very interesting but I do them.  I don’t think there have been things that I have been strongly against… I wouldn’t like to write about that, and I never would have [written about something I felt strongly against]. Sometimes [my boss and I] have had discussions of how to publish something, or in what way or whether we should have the name of the person and those kinds of discussions and mostly I win but no one has ever forced me to write something that I find [beneath] my dignity. 

 

Quelle est la proportion de journalistes salariés, comme vous ? 

Je n’ai pas les derniers chiffres, mais je pense que la plupart des journalistes sont salariés, en tout cas en Suède. Et je sais qu’il est encore plus difficile de survivre en tant que freelance dans d’autres pays, par exemple en France ou en Italie ou l’on est moins bien payé. 

 

Lorsqu’on est freelance, doit-on passer beaucoup de temps à chercher du travail ? 

Il faut se vendre en permanence, et c’est assez fatigant. C’est vraiment l’aspect le plus négatif avec la situation freelance. Il est vrai qu’on peut être contacté aussi, car au bout d’un certain temps, par des médias avec lesquels on collabore. Mais il faut être très actif et vendre ses idées en permanence. 

 

 

Do you prefer to be freelance or working for a newspaper brand and why? Does it affect how much money you make or how productive and creative you are? 

Very good question. I still ask myself that! When I was working as a freelance, I would long for a salary coming every month; working hours that weren’t too hard etc. Now when I’m working in a newspaper, I long for my independance; I long to be able to take a holiday whenever I want; to decide what to do during my day – so there really are advantages and disadvantages to both of them. I might return to a freelance life in a couple of years. I wouldn’t be surprised [if I did that] at least! But it depends… when you’re young, and you don’t have children, and you just have yourself to think about it could be very nice to work as a freelance. Then when you have kids and so on, it could be good to have a job that’s more stable. So it depends a bit where you are in life. But I really liked being a freelance because it’s really a lot of freedom. 

 

And did you notice any difference in how much money you earn per month? 

Well, I earned more as a freelance, but my life was much more expensive so in the end I had less money to spend, and also every month I had no idea how much I was going to earn so it’s quite an insecure situation financially. Financially I have a better situation now. 

 

How much do you earn every month? Has it changed with the crisis of the decline of people reading paper newspapers? 

No, it hasn’t changed with the crisis because since I now work with a newspaper [instead of freelance] they can’t lower my salary, only raise it. We have different tax systems, but [after taxes] it’s about 2500€ a month. But for instance, for those who work as freelance, it’s much more tough, because the newspapers aren’t keen to pay very much, and there’s a very big [discrepancy].  

 

C’est quoi, une agence de presse ? 

C’est une entreprise qui, avec des journalistes, écrit des articles et les publie ensuite pour les journaux, qui sont abonnés à ce service et qui choisissent les articles qu’ils souhaitent publier dans leur propre publication. Cela se fait souvent pour tout ce qui est info internationale, parce que les agences de presse sont de grandes structures qui ont le moyen d’avoir leurs propres correspondants.  

 

Est-ce que vous encouragez les jeunes à aller vers le journalisme ? 

Oui !  Je trouve que si on est vraiment passionnés pour quelque chose, si on sent que c’est ça que je veux faire, on doit y aller ! Si on est passionnés on a plus de chance de réussir, et en plus on sera plus heureux. Mais c’est vrai que si on n’est pas vraiment passionnés c’est peut-être mieux de tourner vers autre chose, parce que comme je disais tout a l’heure je ne cache pas qu’il y a quand même une crise dans l’information et dans le monde médiatique. Il y a 20-25 ans il y avait beaucoup d’argent dedans, on pouvait faire des grands voyages de reportage… C’est un peu fini tout ça, mais on ne sait pas trop, il y a une grande transformation vers l’internet, donc on ne sait pas exactement ou on va, peut-être dans quelques années le monde médiatique aura changé, et il y aura des nouvelles occasions. Je trouve que c’est un métier passionnant, parce qu’on apprend en permanence. On écrit toujours sur des choses qu’on connait pas trop, donc il faut toujours chercher de l’information, apprendre des choses. Et en plus il permet de rencontrer énormément de gens et des horizons complètement différents, qui est aussi passionnant. 

https://torunbortz.com/ 

By Alexandra von Koppenfels, Antonia Siebert, Philip von Koppenfels and Lilla Hadházi.
Photos : T. Bortz

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.