Le sport à l’école : non mixte et souvent sexiste
En 2018, il a souvent été question de sexisme, d’inégalités, et donc de combats militants. Les polémiques sont nombreuses, le monde se plaint, et heureusement, nous sommes à une époque où les conflits se règlent. Mais qu’en est-il des jeunes, dans les écoles ? Certaines choses sont acquises et personne n’a son mot à dire quant à leur injustice. Les cours de sport en Europe, et plus particulièrement en Belgique, sont souvent sexistes. Filles et garçons ne sont pas traités de la même manière. C’est pourquoi je vais vous parler des inégalités que subissent bien souvent les deux sexes dans le système de l’éducation sportive.
Une chose à éclaircir
Tout d’abord, je tiens à mettre une chose au point : un garçon et une fille, tout le monde le sait, ne sont pas identiques. Nous avons une physionomie et un développement différents. Donc, bien sûr, des différences s’imposent. C’est donc pour cela qu’il y a des barèmes différents, etc. Mais dans cet article, il n’est pas question d’accuser la génétique. Seulement de dénoncer une organisation et les comportements sexistes et machistes qui sont parfois présents lors des leçons de sport dans les milieux scolaires.
La mixité en Europe
En Belgique, les classes de sport ne sont pas mixtes. Pas dans le secondaire en tout cas. Cette mixité était totalement interdite avant 2014, mais depuis, une circulaire est apparue disant que chaque école est libre de choisir si elle veut ou non que les garçons et les filles soient séparés en éducation physique. Cette situation existe dans d’autres pays comme la Pologne. Mais malgré cela, une majorité écrasante des écoles en Belgique présentent des cours non mixtes. En 2016, la ministre de l’égalité des chances, Isabelle Simonis, a même proposé une loi qui rendrait obligatoire la mixité dans les cours de sport, comme en France par exemple, où cette loi existe déjà. Cependant, la loi n’est pas passée, il n’y a eu aucun changement car beaucoup de personnes s’y opposent.
Les impacts de cette séparation
Nous avons donc d’un côté des classes féminines, de l’autre, des classes masculines. Pas de classe de niveau, pas de différenciation des intérêts ou aptitudes des élèves pour le sport. Non, rien de tout cela. Le sexe de l’élève lui impose sa classe, le comportement que l’on va avoir vis-à-vis de lui/elle (car, par exemple, les garçons sont bien souvent plus poussés que les filles). Il détermine même le professeur, car à quelques exceptions près, les profs masculins enseignent aux garçons et les profs féminines n’enseignent le sport qu’aux filles. La raison qui est souvent donnée est que cette séparation respecte la pudeur. Mais un enseignant n’est pourtant pas obligé de rentrer dans le vestiaire pour faire cours. Cette séparation favoriserait aussi la tolérance, clamant que des filles se sentiraient gênées de faire du sport devant des garçons moqueurs. Puisqu’en primaire nous sommes ensemble, nous devrions trouver normal de l’être encore au secondaire. C’est parce que nous sommes séparés que certains pensent que se retrouver ensemble serait « bizarre » ou « gênant ».
Et s’il n’y avait que cela…
Mais soit. Un système non mixte ? Pourquoi pas. Cela empêche peut-être que les jeunes filles soient frustrées devant leurs camarades masculins « bien plus forts qu’elles » comme beaucoup le disent ? Parce qu’après tout, quand un garçon et une fille suivent le même entraînement, le garçon l’emporte, c’est connu. Encore faudrait-il que filles et garçons suivent le même enseignement. En effet, steps et danse ou encore acrogym sont des disciplines parmi d’autres qui ne sont pas pratiquées par les classes masculines dans les écoles où les deux sexes sont séparés. Seules les filles doivent s’entraîner dans ces sports qu’elles n’aiment pourtant pas forcément plus. Inversement, les garçons sont souvent surentraînés en football alors que rien n’indique que c’est leur sport favori. Ces disciplines imposées tacitement sont maintenant présentes dans la culture belge et plus largement européenne. Mais les temps changent.
Et tout cela pour quelles raisons ?
Toutes ces choses existent depuis longtemps mais il faudrait réfléchir à un changement. Pourquoi les filles devraient-elles être moins sportives ? Pourquoi notre sexe définirait-il notre aptitude et notre intérêt pour l’activité sportive ? Pourquoi les filles aimeraient-elles plus les steps et la danse que le foot, et au contraire, pourquoi les garçons n’aimeraient-ils que le foot ? Pourquoi filles et garçons ne peuvent-ils jamais faire du sport ensemble ? Pourquoi être séparés signifie-t-il pratiquer des sports différents ? Toutes ces questions n’ont pas de réponse. Si nous étions tous entraînés de la même manière, certaines filles auraient tout à fait leur place dans une classe masculine. Certaines personnes aimeraient pratiquer des sports qu’elles ne peuvent pour l’instant pas. Cela est certain, et il n’y a pas de raison que leur sexe y change quelque chose.
Jeanne P. / S5 Fr, EEB1 Uccle
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