CODE 9-9-6 : travailler plus pour gagner plus ?

Mais d’où sort donc ce mystérieux terme qui pourrait convenir à une série de science-fiction ? Les chiffres 9 – 9 – 6 correspondent en fait aux cadences de productivité des employés chinois, en particulier ceux qui exercent dans l’industrie technologique. Ils doivent travailler de 9 h du matin à 9 h du soir, 6 jours par semaine.

Pour les dirigeants, évidemment, ce rythme de travail n’est pas un problème. Jack Ma, homme d’affaires et président du groupe Alibaba, explique ainsi (lepetitjournal.com) que « travailler selon la règle des 996 est un immense bonheur. Si vous souhaitez nous rejoindre, vous devez être prêt à travailler 12 heures par jour, sinon pourquoi vous donner la peine de vous joindre à nous ?»

De plus, les startups mondiales (surtout en informatique) s’inspirent désormais des géants comme Huawei et Alibaba qui encouragent leurs employés à dormir sur place (lieu de travail), ou même avant de grands événements, en créant des « coins siestes » ou en laissant leurs salariés amener des matelas avec eux.

Qu’en est-il de la santé mentale ?

En décembre 2020, une très jeune employée décède après s’être évanouie en rentrant chez elle après une journée de travail, à minuit passé. Elle avait 22 ans. Cet exemple est représentatif de la surcharge du travail qui pèse sur le dos des employés. La quantité de travail à réaliser dépasse ce que l’on est capable d’accomplir dans le temps imparti. Résultats : une tendance à rester plus tard au bureau, voire à travailler de chez soi, le soir et le week-end. D’où une dégradation de la santé qui peut conduire à la mort.

Continuité du code

Ce code existe depuis des années en Chine et n’avait jamais été remis en cause. Il était même perçu comme l’un des principaux avantages de l’écosystème chinois. Et l’investisseur américain Michael Moritz appelait même « la Silicon Valley à s’inspirer au plus vite de l’exemple chinois ». Ce financier déclarait sa flamme pour le « 996 » qui permettait aux start-up chinoises d’innover plus vite que leurs concurrentes américaines. Imiter ce modèle chinois permettrait aux entreprises de rapidement se développer financièrement. Il est en effet économiquement plus efficace pour les entreprises de demander à leurs employés de travailler plus longtemps que d’embaucher du nouveau personnel. C’est pourquoi elles essaient d’adopter une méthode semblable à celle des Chinois pour inciter les employés à rester au bureau grâce à des avantages, par exemple un dîner gratuit après 19 heures, une navette gratuite pour rentrer chez eux après 21 heures et un taxi gratuit pour rentrer chez eux après 22 heures. Si vous restez après minuit, vous pouvez venir un peu plus tard le lendemain matin.

Cependant, de nombreuses plaintes ont été formulées en Chine et également dans le reste du monde, ce qui a conduit le gouvernement chinois à s’attaquer au code « 996 ». La Cour suprême a estimé que ce rythme de travail constituait une violation grave de la loi relative à la durée maximale du travail. Mais, si le gouvernement chinois décide de mettre fin à ce code, cela signifiera une énorme perte de revenus, et on peut donc raisonnablement douter de cette application effective.

Double salaire ?

La loi Chinoise en vigueur stipule que les employés ont droit à un double salaire pour les heures supplémentaires effectuées le week-end et a un triple salaire durant les jours fériés.. Jack Ma insiste sur le fait de travailler dur : « Si les employés ne travaillent pas dur, il y a toujours quelqu’un derrière qui est prêt à vous remplacer. » (lepetitjournal.com )

Badge d’honneur                      

Pourtant, pour de nombreux employés chinois, le code « 996 » est considéré comme un badge d’honneur. Il est souvent présenté comme un avantage concurrentiel par rapport aux rivaux américains et européens. Mais les sanctions peuvent être sévères. Un retard est retenu sur la paye: un quart d’heure de retard coûte 50 yuans (monnaie chinoise), une demi-heure de retard coûte une demi-journée de salaire et après une demi-journée, autant ne pas se donner la peine d’entrer, car cela signifie perdre une journée entière de salaire.

Avis des employés ?

Quand les salariés chinois terminent leurs tâches, tant que le directeur ou le patron est encore dans le bureau, personne ne peut partir. Mais il y a aussi la pression familiale. Et malheureusement peu d’employés peuvent prendre la parole et dire ce qu’ils pensent… Les employés doivent s’enregistrer par empreinte digitale et leur retard est retenu sur leur paye. Quand on travaille dans une entreprise en Chine, c’est comme un signe d’honneur. Les employés ne peuvent ni se plaindre ni s’exprimer, de peur de perdre leur travail.

Les médias auraient pu profiter des Jeux Olympiques d’hiver organisés en Chine en ce moment pour parler un peu de la réalité du travail en Chine souvent dur et pénible.

Emma Schwab (S4FRC) / EEB1 Uccle

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.